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Ninja, le tueur nocturne (Fin)

© D.R

Nous sommes le mardi 23 novembre 1992. Ninja met-il en exécution sa décision de liquider cinq policiers ? Il se réveille très tôt ce jour là et sort de chez lui sans prendre son petit déjeuner. Quand il arrive au grand carrefour de Sidi Bernoussi, juste à la station de bus et de grands taxis, il s’arrête. A-t-il l’intention de monter le bus ? Pour aller où ? En fait, il ne pense pas quitter, ce matin, le quartier Sidi Bernoussi. Mais, il guette un policier. Seulement, un jeune homme vient l’aborder en tentant de l’agresser. Ninja le fixe par ses regards en braise. Le voyou semble n’avoir pas l’intention de partir qu’une fois avoir délesté Ninja de ce qu’il a sur lui. Hors de lui, Ninja sort son revolver et le met sur le front  de son agresseur tout en le menaçant : «Disparais de ma vue-toi, ne restes plus devant moi. Je ne veux pas te tuer parce que je veux garder les balles pour d’autres personnes plus importantes que toi. Sinon, je t’aurais troué la gueule».
Le voyou disparaît en un clin d’œil. C’est le moment où deux policiers apparaissent. Ils marchent lentement. Tout d’un coup, Ninja s’approche d’eux, sort son revolver et tire en direction des deux policiers. Le bruit retentit dans le quartier, puis Ninja disparaît. Le même jour, il arrive au quartier Sidi Othmane. En croisant un policier, il tire deux balles, le blesse. Un gargotier, marchand de saucisse, court derrière Ninja pour le rattraper. Ninja vide son revolver en le visant. Puis, il n’a plus de balle. Que doit-il faire ? Se débarrasser de l’arme à feu. Comment ? Il se rend alors jusqu’à la voie ferrée donnant sur le quartier industriel pour le jeter loin des regards des curieux.
Toutes les forces de police de la métropole sont mobilisées pour chercher Ninja. Sans succès. La psychose gagne tous les quartiers. Ninja semble être dépassé par les événements. Il suit à travers les journaux toutes les nouvelles qui concernent son affaire. Il remarque que la presse lui fait des portraits-robots  qui ne correspondent nullement à sa réalité. Les mois passent. Ninja ne donne plus signe de vie. Où est-il ? Pas de nouvelle. Les policiers, les indics et les informateurs de police le recherchent partout. En vain. Il est devenu l’homme le plus recherché de tout le pays.
Deux ans et demi plus tard, le mardi 4 avril 1995, il réapparaît à Hay Amal 4. Surpris par un veilleur de nuit, Larbi Abed, vers 4 h du matin, en train de démonter une radio-cassette, il l’attaque mortellement en le blessant par un couteau. Le veilleur de nuit décède. Ninja retourne chez lui. Il s’approche de ses trois enfants, puisque son foyer avait été égayé d’un garçon en 1994, les embrasse et les prend entre ses bras tout en pleurant. Depuis, il n’a plus quitté sa demeure. En fait, il ne regrette pas ses crimes, mais rêve que ses enfants et sa femme vivent en paix. Comment doivent-ils vivre en paix alors qu’il sera arrêté un jour?
«Je dois me livrer à la police», pense-t-il.
Mardi 18 avril 1995. Vers midi. Il rentre au siège de la sûreté de Hay Mohammedi-Aïn Sebaâ, demande le chef de la PJ. Celui-ci l’accueille.
– «Oui, qu’est-ce que tu veux?, lui demande le chef de la PJ.
– Je suis Ninja.
– Quoi ? Ninja ? Tu plaisantes ou quoi ?
– Je ne plaisante pas. C’est la vérité».
 Au départ, personne au commissariat ne le croit. Mais, il a tout avoué devant même le préfet de police, avec plus de détail. La police de la capitale économique a poussé un soupir de soulagement quatre ans après le premier crime commis par Ninja.  L’information a fait la Une des journaux, le lendemain 19 avril 1995. Traduit devant la Cour d’appel de Casablanca, son affaire n’a été examinée qu’une année après son arrestation. Mardi 16 avril 1996, la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca l’a condamné à la peine capitale. Que pensent ses trois enfants, deux filles âgées actuellement de vingt et de seize ans et son fils de quatorze ans, de lui ?

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