La peine capitale est source de tiraillement entre ses partisants et ses détracteurs. Les uns avançant comme argumentaire sa totale contradiction avec les droits de l’Homme. Les autres, de leur côté, brandissant celui de sa qualité de loi divine qu’il ne faut toucher en aucun cas.
«Aujourd’hui Le Maroc» a axé son sondage hebdomadaire sur la question et, semble-t-il, les détracteurs de la peine capitale ne se comptent pas sur les doigts d’une main. Dans une certaine mesure, toutefois, car, les gens qui sont pour son maintien et ceux qui sont pour son application avec fermeté constituent une masse imposante.
Assurément, l’abolition de la peine capitale est, selon une large frange des internautes ayant participé au sondage, l’option qui sied le mieux au contexte actuel. En effet, «Pensez-vous que la peine de mort doit être abolie», comme proposition, aura recueilli 47,8% des 823 votes.
Ce résultat est révélateur de l’idée que l’on a sur la peine de mort. Cela reflète également que la façon de voir les choses, pour cette partie représentative de l’opinion publique marocaine, s’inscrit dans la vision des pays occidentaux en général et, en particulier, dans celle des divers organismes, nationaux et internationaux confondus, ayant fait des droits humains leur raison d’exister.
Estimant qu’elle est en totale contradiction avec les principes des droits de l’Homme et ceux des sociétés civilisés, ceux qui sont pour son abrogation expriment clairement leur avis et l’étayent d’arguments similaires. Cependant, la démarche de ceux qui veulent la peau de la peine capitale ne s’inscrit pas, forcément, dans le cadre d’un soulèvement contre la loi imposée par la Chariâ islamique ou tout autre contradiction des lois divines. Beaucoup de personnes estiment, en effet, que l’Islam s’est, au fil des âges, modelé de façon à suivre les évolutions enregistrées ça et là.
Leur démarche est, notamment, consolidée par d’autres lois de la Chariâ qui se sont égarées, dans les dédales de l’Histoire, et qui ne sont plus à l’ordre du jour.
En effet, d’autres sentences prescrites par la Chariâ ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Cette abrogation concerne, principalement, le châtiment réservé aux voleurs, qui sont condamnés à des peines d’emprisonnement tout en gardant l’usage de leurs deux mains. Il en va de même pour d’autres délits ou handicaps infligés à autrui, mais qui ne sont plus réprimés par des handicaps analogues. On pourrait également évoquer la lapidation réservée, aussi bien aux hommes qu’aux femmes adultères (contrairement à l’idée que propagent nos amis occidentaux, qui ne parlent que de «lapidation des femmes», tout court…). Cette exécution atroce n’est plus de rigueur et tant mieux. Donc, estime le clan des détracteurs, pourquoi pas la peine de mort ?
De l’autre côté du rideau, c’est un tout autre son de cloche. «La peine de mort doit être appliquée avec fermeté», comme proposition, s’est adjugée 29,4% des suffrages. Non seulement elle doit être maintenue et prononcée, mais la peine capitale doit également être exécutée et fermement. C’est une résolution logique, en soi, puisque, à quoi cela sert de la maintenir sans l’appliquer ? Cela rejoint à peu près une autre frange d’internautes qui estiment qu’il faut la maintenir. En effet, 22,8% des intervenants sont favorables au maintien de la peine de mort. En principe, c’est un souci d’ordre religieux qui doit être derrière ces deux derniers choix, mais pas forcément, tout comme c’est le cas des détracteurs. Car, d’aucuns pensent qu’un crime aussi abject, celui d’ôter la vie, ne peut être sanctionné que de la même façon.
On pourrait mieux le comprendre si on se mettait dans la peau de quelqu’un dont un être cher a été délibérément privé de la vie. L’affliction et la haine ressentie pour l’auteur du crime, qui nous a enlevé cet être cher, ne peuvent plaider que pour lui réserver le même sort. Ce qui est tout à fait légitime.
Les gardiens de la peine de mort pensent, également, que le maintien de celle-ci est un excellent moyen de dissuasion et que, au cas où elle serait abolie, le crime pourrait s’en nourrir et connaître une recrudescence sans limites.