Bien que le métier de porteur d’eau, ou Guerrab, tende à disparaître, il conserve encore ses titres de noblesse dans un grand nombre de régions du Royaume. Auparavant, on le rencontrait dans les souks hebdomadaires, notamment en été. C’est un homme qui remplit son outre d’eau afin de désaltérer les gens qui ont soif surtout quand la chaleur devient torride. Pour d’aucuns, ce métier demeure une passion unique malgré les temps qui ont changé. Ainsi, Ahmed, un porteur d’eau, confie : «C’est un métier que j’exerce depuis 30 ans. Mon père était lui aussi porteur d’eau. Après sa mort, je n’ai pas voulu que cette passion disparaisse». Concernant l’outre, les gobelets et le chapeau qu’il porte, il a estimé que «c’est un patrimoine culturel pour moi. Je conserve encore tout ce que mon père m’a légué. Et à mon tour, je voudrais que l’un de mes fils fasse la même chose pour que ce métier noble perdure». Autrefois, Ahmed qui cherchait l’eau à la source, gagnait entre 40 DH et 60 DH par jour surtout en été quand la chaleur devient accablante. Dans le monde rural notamment, il n’y avait pas de fontaines. Il y avait beaucoup d’eau, certes, mais le porteur d’eau était très convoité par les gens surtout le jour du souk. «Avant, mon père vendait de l’eau dans les souks de la région, à Taghzirt, à El Ksiba, à Foum El Ansar et même à Beni Mellal. Deux à trois gobelets d’eau coûtaient entre 10 et 20 centimes», a ajouté Ahmed. Pour se désaltérer, les gens allaient chercher de l’eau chez le porteur d’eau surtout pour les commerçants qui vendaient leurs marchandises dans le souk. A l’époque, il y avait un grand nombre de porteurs d’eau qui sillonnaient tous les coins et recoins du souk pour faire écouler leur marchandise. Aujourd’hui, presque tout a complètement changé. Pour Omar, un vieux commerçant de la région de Beni Mellal, «les porteurs d’eau sont devenus très rares à Beni Mellal et ses régions. Avec l’eau qui se vend dans des bouteilles et les fontaines d’eau, le nombre de ces hommes, qui représentent un genre de patrimoine culturel traditionnel de notre pays, a réduit». Cependant, l’homme, à l’outre, aux gobelets en cuivre jaune et au chapeau multicolore, conserve encore ses titres de noblesse surtout dans les villes touristiques comme Marrakech, notamment à Jamaâ El Fna. Malgré cela, le nombre des porteurs d’eau a diminué de nos jours. C’est un métier traditionnel qui risque de disparaître bien qu’il soit enraciné dans la nuit des temps. «Aujourd’hui, le porteur d’eau avec sa cloche qui retentit partout est concurrencé par des jeunes qui vendent de l’eau dans des jarres qu’ils transportent sur leurs épaules. Mais le porteur d’eau est toujours le plus convoité par les gens qui voudraient se désaltérer», a affirmé Ali, un vieux porteur d’eau de la ville de Beni Mellal. Et d’ajouter : «Il y a des gens qui me paient 1 DH pour boire un gobelet d’eau. Parfois, on me paie toute l’eau de mon outre pour que je donne à boire gratuitement aux gens. On me donne jusqu’à 20DH surtout le vendredi. Ce sont des gens qui veulent faire du bien. Parfois, on nous paie aussi pour aller déverser cette eau sur la tombe d’un proche ou d’un voisin».