Ray Charles Robinson naît le 23 septembre 1930, en Géorgie. Il voit le jour dans la misère, et le racisme des Etats du sud. Son enfance est loin d’être rose : en plus de la pauvreté, il doit subir les traumatismes et les deuils. Impuissant, il assiste à la noyade de son petit frère. Ray, qui jouait avec lui, se sent coupable pendant plusieurs années. Quelques mois plus tard, Ray souffre d’un glaucome. A sept ans, il se retrouve complètement aveugle. Dédramatisant sa condition par l’humour, il dira plus tard : «Je suis aveugle, mais on trouve toujours plus malheureux que soi. J’aurais pu être noir !».
Rentré dans un établissement spécialisé, il continue à se former l’oreille et à apprendre à vivre avec son handicap. Avec des méthodes en braille, il apprend le piano. Contrairement aux voyants, avant de pouvoir jouer, il doit mémoriser les morceaux. Les notes dans la tête, il peut jouer la musique classique qu’on lui enseigne, mais surtout le gospel ou le blues de son enfance. La vie continue à le malmener : adolescent, il est orphelin. Au décès de sa mère, Ray est perdu, dépressif. Il décide de se lancer dans une autre vie. Ray décide alors de partir à Jacksonville, en Floride. Là-bas, l’amie de sa mère, comme son époux, le traite comme un fils. Les quittant au bout de plusieurs mois, Ray traverse plusieurs Etats et survit difficilement en jouant du piano. A cette époque, il est le plus grand admirateur de Nat King Cole. Il fait tout à la manière de son idole.
A la fin des années 40, Ray Charles débute les enregistrements. Il mélange les genres, et comme Claude François, il est entouré de femmes : « The Raelettes», qui sont en fait ses choristes. C’est à Seattle que notre Ray Charles commence réellement sa carrière. De clubs en boîtes de nuit, tout le monde se presse pour écouter ce génie noir et aveugle, réinventer la musique noire américaine, à base d’un sublime cocktail de gospel, de jazz, de blues et de soul. Nous sommes au début des années 50 et la légende Ray Charles est en marche. En 1955, il débute son ascension avec «I Got a Woman». Si jusqu’alors il reprenait des morceaux de Cole, il impose dans les années 1950 son propre style associant paroles profanes et musique issue du gospel. Ce mélange de blues et de gospel et des hits toujours aussi célèbres, comme «I Got a Woman» ou «I Love Her So» font de lui la première voix noire américaine, rapidement découverte et appréciée par le public blanc.
Dans les années 1960, après les succès du Festival de Newport, et des tournées dans le monde entier, Ray Charles qui a rompu avec la drogue, rejoint le rang des chanteurs noirs du siècle ainsi que les maîtres du music-hall, comme Sinatra et Stevie Wonder. Inépuisable, Ray Charles, surnommé «The Genius», s’éteint le 10 juin 2004, dans sa maison de Beverly Hills, d’une maladie du foie. Sa carrière compte 58 ans, et environ 250 albums. On retiendra de lui sa voix et ses mélodies magiques, mais aussi son gigantesque sourire à la vie.