La nuit, les enquêteurs montrent la photo en noir et blanc de Saïd Zouita aux prostituées qui opèrent au boulevard Mohammed V. Et c’est la surprise : quelques filles de joie le reconnaissent. « Oui, on le connaît», répondent plusieurs prostituées aux enquêteurs dès qu’elles ont lancé un regard sur la photo. « Il entretient une relation amoureuse avec Saâdia Lamzabiya », leur précise l’une d’elles. Où est-elle cette Saâdia Lamzabiya ? «Je ne sais pas. Elle n’a plus donné signe de vie après une rixe avec son amant Saïd», leur révèle l’une des prostituées interrogées. D’autres filles de joie qui avaient assisté à l’engueulade entre les deux amants, Saïd Zouita et Saâdia Lamzabiya, affirment également aux enquêteurs que Saâdia Lamzabiya est mère d’un enfant, fruit d’une relation extraconjugale, pris en charge par l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (INSAF). A-t-il tué Saâdia Lamzabiya après la rixe ? Sans aucun doute. La majorité des prostituées du boulevard Mohammed V reconnaissent en photos des parties du cadavre que leur montre la police notamment les mains de la femme assassinée. Des mains particulières avec de longs ongles de la main gauche et des ongles coupés de la main droite. C’est bien elle, Saâdia Lamzabiya. Les prostituées se fondent en larmes. Elles sont certaines que leur copine a été assassinée. Les enquêteurs s’interrogent maintenant sur l’identité de Saâdia Lamzabiya parmi les trois filles assassinées. La première a été retrouvée, alors ce serait la deuxième ou la troisième. Effectivement, ce n’est pas le premier cadavre découvert découpé en dix-sept morceaux renfermés dans cinq sacs en plastique, éparpillés tout au long du boulevard Abdelkader Essahraoui, près de la résidence Fadi, projet Diour El Hanate, préfecture de Ben Msik-Sidi Othman. Car, il s’agit de Laïla Rahimi qui demeurait au boulevard de La Grande ceinture, à Hay Mohammadi. Alors que la maîtresse de Saïd Zouita se nomme Saâdia Lamzabiya. Celle-ci est-elle la deuxième fille dont le cadavre a été découpé en deux morceaux, mais sans tête, à la rue Libourne, quartier La Gironde et à la rue Hammad Erraouiya, près du jardin Murdoch ? Ou bien cette troisième fille dont le corps est retrouvé découpé en deux parties découvertes dans un dépotoir situé près du Souk Essaâda, à Hay Hassani? Maintenant, incontestablement, Saïd Zouita est l’auteur du crime cruel qui a coûté la vie à un homme dont les parties du corps ont été découvertes au quartier Maârif. C’est pourquoi les enquêteurs décident de passer la résidence «Espace Al Manar», aménagée en bureaux, au peigne fin. Ils doivent chercher pour trouver les restes du cadavre et s’assurer que Saïd Zouita est le meurtrier n° 1. Nous sommes le dimanche 2 mars 2003. Vers 10 h 30 du matin, les enquêteurs disposent déjà d’un mandat de perquisition. Le nombre d’enquêteurs qui descendent des fourgons qui viennent d’être garés aux alentours de la résidence semble être suffisant pour qu’ils effectuent la perquisition d’une quarantaine de bureaux répartis sur les neuf étages et une cave. Bref, une descente musclée. Les enquêteurs y rentrent. Au premier étage, quelques limiers entrent au premier bureau, d’autres pénètrent au deuxième. Les recherches dans les bureaux encore inoccupés débutent. Arriveront-ils à découvrir une preuve tangible ?