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Souvenirs de « Al-Tahrir » (15)

© D.R

«Ayant chassé l’occupant par le passé, les voici aujourd’hui eux-mêmes pourchassés» J’avais –durant la dernière semaine de novembre de cette même année (1959)- effectué un séjour à Erfoud, dans le Tafilalet, où j’exécutai, en hôte du commandement de la faction Est de l’Armée de Libération, un reportage sur la situation générale dans cette région. Le reportage s’intéressait également à la lutte que menait l’Armée de Libération dans notre Sahara oriental, et dont l’enjeu était les terres que l’occupant français avait prélevées sur le territoire marocain pour les intégrer à sa colonie algérienne.
De retour le 2 décembre, je me rendis, dès le lendemain après-midi, au siège du journal. Dès qu’il me vit entrer, Youssoufi envoya chercher un article dont la maquette était déjà sous presse. «Tiens ! Lis-moi ça !», me dit-il en me tendant le texte de l’article. Il reproduisait l’histoire qu’une délégation de résistants –à son retour de Rabat, où elle s’était rendue pour demander une audience avec Sa Majesté le Roi- avait relatée à l’un de nos rédacteurs. Ce dernier était un certain Belghiti, ancien cadre du PDI. Ayant récemment intégré l’UNFP, il était pas encore au fait de nombre de détails de coulisse.
Aussi, rédigea-t-il l’article dans un style protestataire qui, pour être, certes, celui du journal, n’était pas particulièrement recommandé dans la situation critique où nous nous trouvions. En le lisant, je n’hésitai pas à montrer ma réticence. Youssoufi n’était pas moins réticent. En retour, l’article –qui relatait bel et bien les mésaventures d’une délégation de résistants invalides- était rédigé par un ancien du PDI, qui, nous le disions, avait tout fraîchement rallié les rangs du journal. Le modifier ou ne pas le reproduire risquait de susciter d’inutiles malentendus. Par ailleurs, l’article ayant été préparé à être mis sous presse, les metteurs en pages et autres ouvriers de l’imprimerie avaient certainement déjà eu le temps de le lire. Il fallait donc biaiser. Nous crûmes résoudre le problème en reproduisant le texte en bas de la page, en petites lettres : manière de signaler que nous ne voulions pas en faire un sujet de bagarre, étant donné qu’autrement nous l’aurions étalé, comme à notre habitude dans de tels cas, sur une manchette de huit colonnes en haut de la première. Afin que le lecteur soit au fait des développements de l’affaire, nous reproduisons ci-dessous le texte de l’article en question : «Ayant chassé l’occupant par le passé, les voici aujourd’hui eux-mêmes pourchassés».
«Persécutés naguère par les forces de l’occupation, ils le sont aujourd’hui par la police de leur propre pays, le Maroc, qui a recouvert son indépendance grâce aux sacrifices qu’ils ont –eux et leurs compagnons, enfants libres de la partie- généreusement consentis.
S’étant soulevés contre l’occupant –en hommes, à une époque où les «hommes» d’aujourd’hui fuyaient comme la peste ce statut par crainte des lourdes charges qui en découlaient- ils livrèrent bataille avec, pour seuls armes, leur foi et leur volonté, et pour seul salaire, la torture et la mort.

• Par Mohammed Abed al-Jabri

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