Dans leurs déclarations, on pouvait lire des expressions jusque-là inhabituelles : «Le véritable adversaire de l’UNFP n’est pas Guédira, mais bien son maître Hassan II, qui refuse d’assumer la tâche qui lui incombe naturellement: celle d’arbitre se situant au-dessus des partis»; «Le Roi s’est mué en véritable chef de lobby» ; «Le Palais a oeuvré à effriter les partis et le mouvement national, afin d’instaurer son parti unique»; «La véritable opposition au gouvernement Ibrahim venait du Prince héritier lui-même»; «La monarchie était finie, elle n’aurait pas survécu sans l’aide des patriotes» ; «L’essentiel n’est pas le type de gouvernement -monarchique soit-il ou républicain mais de sortir le pays du sous-développement» : «Si la monarchie a un ennemi, c’est bien le Roi lui-même». Suivaient les conditions posées par l’UNFP pour sa participation au gouvernement. (Propos reproduits par al-Tahrir du 10 avril 1963, traduisant Jeune Afrique de fin mars de la même année.) Nous y reviendrons plus en détail.
4- Ces événements interviendront dans le cadre d’une campagne électorale particulièrement chaude, au terme de laquelle l’UNFP enregistrera un franc succès dont le pouvoir sera amené à lui reconnaître une partie. La falsification était déclarée et officielle dont se formera une indomptable équipe parlementaire. Il fallait donc s’attendre, vus ces données, que le pouvoir pensât à nouveau à se débarrasser de l’UNFP.
De là, les premières lignes du complot dont nous parlions au début de ce numéro : celui du 16 juillet 1963, qui commencera avec l’arrestation des membres de son Comité central sur les lieux de sa réunion au siège du parti. Les nouvelles du complot nous parvenant au jour le jour, nous avions heureusement pu convaincre le martyr Mahdi de quitter le pays, car sa vie était véritablement en danger –ce qu’il finit par faire le 15 juin 1963.
C’était là une facette de la lutte que l’UNFP mena, durant les années 60, contre le pouvoir personnel. Les volumes à suivre en relateront d’autres.
• Par Mohammed Abed al-Jabri