Une occasion pour le public du Tafilalet de renouer avec son histoire, sa culture ancestrale et son identité. Le festival du malhoune de Sijilmassa ne se limite pas à cela. C’est également une occasion pour tous les férus de cet art de savourer les charmes d’une tradition qui fait la gloire des oasis de Tafilalet et de toute cette région reculée du Maroc.
Le festival du malhoune mêle la magie du verbe aux mélodies des instruments maniés par des maîtres en la matière. La manifestation est un voyage dans l’histoire du Maroc, une célébration de cet art où s’interfèrent le religieux, le profane et le fantastique. Un art qui, depuis des siècles, a été gardé jalousement contre toute déperdition ou défiguration. C’est cet art que le festival de Sijilmassa qui célèbre sa quinzième édition en octobre prochain offre aux milliers d’amateurs et passionnés de cette forme d’expression artistique, l’une des multiples facettes d’une culture si riche et diversifiée du Maroc.
À travers ce grand art qui constitue une partie de la mémoire collective de tout un pays, le public, de plus en plus nombreux à participer à cette manifestation, pourra se rendre compte une fois encore que le Malhoune reste l’une des formes d’art qui relie son présent et son passé et qui exprime de la forme la plus poétique ses préoccupations quotidiennes.
Le festival, organisé par le ministère de la Culture en partenariat avec la province d’Errachidia, célèbre chaque année les maîtres du malhoune, ceux qui ont permis à cet art de traverser les siècles pour nous parvenir non seulement dans une forme encore plus parfaite mais enrichi d’autres confluences musicales. La rencontre du malhoune avec le «zajal» andalou, le «mouwashah», et la poésie classique, l’ont fait progresser peu à peu, estiment les spécialistes. Il a, ainsi, développé de nouveaux thèmes, de nouvelles mesures et rythmes et une «versification savante et riche». La langue du malhoune a investi le champ de l’ornementation et du vocabulaire recherché.
Véritable art poétique, le malhoune est plus connu aujourd’hui sous le nom de «quassida du ghazal». Originaire du Tafilalet et des zaouias, le malhoune est la musique favorite non seulement de ces régions mais aussi de villes les plus lointaines de son berceau. C’est ainsi que cet art a connu son développement dans ses formes les plus raffinées dans les communautés d’artisans dans les villes de Marrakech, Safi ou encore Salé et Meknès. Il a été influencé à travers les âges par les rythmes de la musique andalouse et des chants populaires qui ont donné naissance à la «quassida».
Et c’est à Tafilalet, véritable pays magique aux portes du désert, à Rissani, ancien Sijilmassa, que le malhoune est aujourd’hui célébré chaque année et ce depuis une quinzaine d’années. C’est dans cette région, ancien trait d’union entre le reste du continent africain et le Maroc que cet art déploie, au début de chaque automne, toutes ses splendeurs. C’est dans cette région véritable gisement de cultures et de langues, un haut lieu de villégiature que les passionnés de cet art se donnent rendez-vous chaque année pour en savourer les moindres strophes et les moindres mélodies. Avec ses tribus, ses vallées, ses dunes de sable, ses oasis et ses hommes et ses femmes hospitaliers,Tafilalet offre une véritable possibilité d’enchantement et de dépaysement. Et son festival est sans conteste un haut lieu de tourisme culturel de haut de gamme. Une vraie fête pour l’esprit et pour les sens.