La Marche Verte, événement historique d’immense envergure et oeuvre caractéristique du génie de Sa Majesté le Roi Hassan II, ne peut être l’objet d’une simple définition matérielle qui se ramènerait à une somme de données. Elle ne peut se définir qu’en fonction de l’imagination et du génie de son auteur Sa Majesté le Roi Hassan II, de l’intelligence de son peuple et, partant, de «l’adéquation Souverain/peuple», vieille de plusieurs siècles.
Dès son annonce, la glorieuse Marche Verte, baptisée «Opération Fath», a surpris tout le monde : Etats et personnes, avertis et profanes, amis et adversaires du Maroc. Les réactions en furent d’ailleurs révélatrices : si nombre d’observateurs se turent et observèrent l’évolution des événements, certains, en revanche, ne manquèrent pas de manifester leur étonnement, voire leur scepticisme ; des organes de presse s’interrogèrent sur le «réalisme» d’une telle entreprise, en estimant que la Marche Verte était «utopique», voire «insensée».
Des questions se multiplièrent, parfois empreintes de dérision.
Aux «comment lancer 350 000 individus dans le désert?», succède le «How they expect 350 000 Moroccans to progress, from Goulimine and Tarfaya Onwards? On camel hump?2».
Une perception superficielle de la Marche Verte, réduite à la simple dimension matérielle, pouvait seule expliquer les propos naïfs et les fausses prophéties des organes de presse en question et des détracteurs du Maroc.
Faire une telle analyse, c’était tout simplement éluder l’histoire du Maroc et ignorer la foi inébranlable que le peuple marocain n’a jamais manqué de manifester chaque fois qu’il s’est agi de défendre ou de reconquérir la terre de ses ancêtres. Un bref aperçu historique suffirait à convaincre de cette réalité inéluctable. Moulay Hassan Ier n’avait-il pas dit en 1876 : «Je fais le serment de ne pas payer une piastre d’indemnité. L’Espagne peut brûler mes ports, occuper la capitale, ravager le pays ; dussé-je me réfugier dans l’Atlas, je ne traiterai pas. Mes ancêtres sont venus du Sahara, j’y retournerai».
Dans la même année 1876, soutenu par le peuple tout entier, Moulay Hassan 1er entreprit déjà une Marche triomphale vers le sud du Maroc.
Son expédition (Mhalla) ne rencontra aucune difficulté, au contraire, elle reçut partout sur son passage accueil chaleureux et adhésion totale de la part des populations. Ainsi, «le Sultan Moulay Hassan 1er a réussi à affirmer sa souveraineté dans cette région qu’il semble avoir choisie son terrain préféré pour opposer une barrière aux empiétements de l’Angleterre et de l’Espagne sur la côte occidentale du Maroc». Toutes les tribus lui ont juré fidélité et il n’est pas jusqu’aux nomades du Sahara qui n’aient tenu à lui apporter des méharis et à se porter volontaires pour la guerre sainte. En 1958, feu Sa Majesté MohammedV, le libérateur de la nation marocaine, dans un discours historique prononcé à M’Hamid al-Ghizlane dans le sud du pays, près des frontières avec l’Algérie, avait déclaré: «Nous proclamons solennellement que Nous poursuivrons Notre action pour le retour de Notre Sahara, dans le cadre du respect de Nos droits historiques et conformément à la volonté de ses habitants». La Marche Verte n’est donc que la continuation de la présence personnelle du Sultan alaouite Moulay Ismaïl, en 1679, dans l’extrême sud du Royaume, de l’expédition triomphale de Moulay Hassan Ier, en 1876, et de la politique éclairée tracée par Sa Majesté Mohammed V et poursuivie par son digne héritier.
• D’après «Les documents du Sahara»