L’ONT a également mis des camions et des cars à la disposition des préfectures et des provinces pour les renforcer dans le transport des marcheurs et de leurs matériels. Au total, l’ONT a mobilisé, pour les besoins de la Marche Verte, quelque 2100 véhicules de transport de voyageurs et de marchandises.
Pour sa part, l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) a mobilisé 113 trains qui ont transporté vers Marrakech 30 ~o des marcheurs et 127 800 tonnes de marchandises. Les convois de l’ONCF réservés à la Marche Verte ont sillonné le pays, pendant douze jours à l’aller des marcheurs et pendant six jours à leur retour (à l’aller, la moitié des convois était affectée aux marchandises). Pour pallier l’encombrement des voies ferrées et assurer une parfaite synchronisation aux mouvements des nombreux trains, les responsables de l’ONCF ont mis en place un système permanent et vigilant, réparti sur toutes les gares du royaume et supervisé sans discontinuer par des postes de commandement (PC) installés dans les centres principaux. Le sens patriotique et «l’esprit cheminot» ont permis aux cadres et aux agents de l’Office national des chemins de fer d’assumer à la perfection le rôle qui était le leur dans la réussite de la Marche Verte. Passer par les 96 gares que compte la ligne Oujda-Marrakech, sans le moindre incident, relevait, sinon du miracle, du moins de la haute capacité des cheminots marocains, que confortaient, il faut encore le souligner, la discipline, la mobilisation et l’engouement dont tous les volontaires firent preuve.
Les avions de Royal Air Maroc (RAM) et les bateaux de la Compagnie Marocaine de Navigation (COMANAV) ont contribué à «l’opération Fath» de façon effective et efficace.
Les premiers ont, en particulier, assuré le transport des volontaires représentant la colonie marocaine à l’étranger, comme ils ont joué un rôle actif dans le transport de marchandises, surtout dans les cas d’urgence.
A propos des cas d’urgence, nous devons à cette occasion souligner l’apport, ô combien précieux et salutaire, d’un appareil qui était devenu familier tant aux marcheurs qu’à l’encadrement durant toute la durée de campement à Tarfaya et à Tan-Tan. Cet énorme oiseau du ciel arrivait toujours comme une Providence aux moments cruciaux pour soulager les épuisements de stocks, en apportant de nouvelles denrées à la joie de tout le monde.
Il s’agissait de l’avion C-130 des Forces Royales Air (FRA) auxquelles il faut rendre hommage pour leur performance et leur hardiesse.
Afin de permettre à cet avion d’atterrir à Tarfaya -au début, il larguait ses chargements à basse altitude-, 2 000 marcheurs se portèrent volontaires et se relayèrent à la tâche pour réaliser en plein désert et en l’espace de deux jours une piste nivelée, arrosée et compactée sur une longueur de deux kilomètres et une largeur de 75 mètres. Cette piste de fortune a eu le privilège d’accueillir des C-130 marocains et des avions de pays amis. Certains ne manquèrent pas de se rappeler que les sables de Tarfaya, que rien ne prédestinait pourtant à jouer le rôle d’un terrain d’aviation, comptaient dans leur histoire un autre atterrissage : celui que Saint-Exupéry s’était vu forcé d’y effectuer un jour de 1926.
L’activité des bateaux de la COMANAV a été concentrée quant à elle sur le transport des marchandises de consommation vers les points de stockage.
Parallèlement à l’action de l’administration et des offices nationaux en matière de moyens matériels, la participation des citoyens était massive et spontanée. Elle a permis de combler et de dépasser tous les besoins. Ainsi, 6000 camions et autocars privés ont été mis par leurs propriétaires à la disposition de la Marche Verte. Pour pallier les accidents et les pannes mécaniques, des grues, des remorques et des ateliers roulants entièrement équipés ont suivi l’évolution des différents convois.
• D’après «Les documents du Sahara»