La réponse du département de la Défense était comme suit : «We have received your letter of july 7th, 1969 concerning the Government of Morocco’s proposed military credit sales request. Because of our legislative process, we cannot respond to your immediate request until after that process is completed. We would, however, be interested in reviewing with you the Government of Morocco’s proposed Five-Year acquisition Plan». Sincerely, William E Lang Deputy, Assistant Secretary
Une telle réponse de la part du sous- secrétaire à la Défense était plutôt encourageante : je suis donc convoqué à Rabat pour m’expliquer (août 1969). L’Etat-Major de l’Air m’avait semblé réceptif à mon approche et m’avait encouragé dans ma démarche. Feu le général Driss N’michi, commandant les Forces royales air, me demanda de me rendre auprès du général Driss Ben Omar, le major général des Forces armées royales, afin de lui expliquer en détail la procédure politico-administrative qui devra en principe découler de mon approche auprès du département de la Défense U.S.
Je ne sais pas si j’avais été suffisamment explicite dans ma présentation au major général des FAR , mais ce dernier estima que j’avais outrepassé mes prérogatives d’attaché militaire en engageant le pays financièrement sur plusieurs années. J’avais essayé de lui expliquer que mon action se plaçait dans le cadre de la planification et non dans celui de l’exécution, mais le général ne semblait pas très convaincu. J’avais alors rendu compte au général N’michi, commandant les FRA, des résultats de mon «entrevue» avec le général Driss Ben Omar, et de l’impression «d’échec» que j’en avais tirée. Le général N’michi prit son téléphone et parla ; puis il me dit: «le général Mohammed Medbouh, directeur de la Maison militaire royale, vous attend dans son bureau. Vous pouvez y allez maintenant». Le général Medbouh me reçut avec courtoisie. Nous nous assîmes dans un coin salon, très confortable, en cuir marron. J’ai expliqué ma «position» , et assuré le général qu’à aucun moment mon action n’avait engagé le «gouvernement marocain». Que l’acte d’engagement restait du ressort de l’Etat-Major général et de l’administration de la Défense marocaine .
Le général Medbouh me dit : «je vous ai compris Bouziane. Merci pour vos explications». En fin d’après midi de la même journée, le général N’michi me fit savoir que nous étions invités à participer à la «réunion» qui devait se tenir le lendemain, 27 août 1969 à 10 heures du matin, dans le bureau du général Driss Ben Omar. A cette réunion avaient été conviés le colonel Gahl, chef de la mission militaire de coopération technique américaine (Muslo) le colonel Wright chef de la participation Air et le colonel Beaumont, chef de la participation Terre. Du côté marocain étaient présents feu le général Bachir El Bouhali, le numéro deux de l’Etat-Major général des FAR, feu le général Driss N’michi, commandant les FRA, le commandant Hassan Lyoussi, chef du 2ème bureau de l’EMG/FAR et le lieutenant colonel Abdeslam Bouziane, attaché militaire à Washington D.C. Le général Driss Ben Omar qui présidait la séance, ouvrit le débat en déclarant que SM. le Roi Hassan II, Chef Suprême et Chef d’Etat-Major des FAR, avait décidé de consacrer la globalité de l’assistance militaire américaine qui serait accordée au Maroc pendant les cinq prochaines années au développement des Forces Royales Air. Le général Driss Ben Omar demanda ensuite au colonel Gahl de nous aider à mettre en œuvre ce programme quinquennal vital pour l’aéronautique militaire de la nation. Le colonel Gahl expliqua qu’il travaillait sur un projet de défense aérienne très «économique», basé sur un radar datant de la Deuxième Guerre mondiale et implanté en Alaska. Il s’agissait du radar de surveillance (FFS_37) et du radar d’altitude (FFS–6) : ces radars devront être démontés et révisés avant leur transport et installation permanente au Maroc.
Mémoires du colonel Abdeslam Bouziane