Hassan II était un homme formidable. Hassan II était un homme bien, épatant, un homme qui nous aimait, nous les Marocains. Il voulait nous aider à grandir, à nous développer, à réussir notre vie, pour notre bien personnel d’abord, pour le bien des nôtres aussi, pour notre pays, le Maroc et pour notre Roi.
Nous étions tous persuadés, nous les jeunes de sa génération, que c’était bien là la mission que Moulay El Hassan, Prince héritier du Maroc, s’était solennellement octroyée, au lendemain de l’indépendance du Maroc en 1956, comme au lendemain du décès de son père, feu S.M. le Roi Mohammed V, le 26 février 1961, et très certainement le jour même de son intronisation le 3 mars 1961 .
Les preuves de cette grandeur d’âme et de ce désir de comprendre l’autre , propres à Moulay El Hassan et à Hassan II, je veux les chercher dans le passé récent de notre jeune armée de l’air, autrefois appelée aviation des Forces armées royales .
Le Prince Moulay El Hassan était notre Chef d’Etat-Major général.
Nous les douze ( 12 ) élèves aviateurs qui, un premier juillet 1956, avions choisi de servir le Roi, de devenir l’embryon assembleur et moteur de ce qui sera, beaucoup plus tard, les Forces royales air (FRA) marocaines, nous sommes toujours restés fidèles à notre engagement vis-à-vis de notre Roi et vis-à-vis de Dieu.
Nous sommes restés fidèles à la devise de l’école de l’air de Salon de
Provence : «faire face»
D’aucuns, un «groupuscule» d’aviateurs marocains, des camarades somme toute toujours corrects, mais qui n’étaient pas diplômés de l’école de l’air de Salon de Provence en France ,
Qui n’avaient jamais eu l’honneur de devoir leur formation «morale» d’officier à un général Delfino, autrefois jeune commandant, en URSS, du régiment «Normandie- Niémen», équipé de l’avion de chasse soviétique «Yak 3», régiment qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, remporta le 30 décembre 1944 sa «20 ème victoire aérienne» officielle sur l’adversaire allemand .
Le général Delfino, commandant l’école de l’air (1957 -1958), était «héros» de l’Union soviétique .
D’aucuns, qui ignoraient tout d’un Saint-Exupery, officier pilote de chasse et «ecrivain», auteur de merveilleux ouvrages, dont «Citadelle», son œuvre posthume, pensée et écrite à «Cap Juby», notre Tarfaya d’aujourd’hui, alors qu’il était responsable de l’escale marocaine de l’aéro postale , et qu’il cherchait à trouver un «sens» à l’action et aux valeurs morales dans nos sociétés «modernes », vouées au progrès technique.
D’aucuns, une «poignée» de pilotes qualifiés sur un avion de chasse «F- 5A» de Northrop , en majorité des jeunes officiers «issus du rang» , ayant tous suivi une formation professionnelle initiale de «sous-officiers PN» à la base aérienne de Marrakech, puis une formation supérieure à l’école de chasse de Meknès, deux entités militaires qui, à l’époque, étaient sous statut provisoire français, avant leur transfert à l’autorité marocaine.
D’aucuns, qui n’avaient jamais rien compris à la vie, à la nation, au devenir des leurs comme au devenir de leurs propres enfants , et qui s’étaient associés à l’officier le plus «amoral» qui soit, versé aux Forces armées royales marocaines (RAR) un 14 mai 1956 , à un «général Felon» , fantassin , reliquat des campagnes coloniales d’Indochine et d’ailleurs , et qui leur avait promis de changer le pays en «mieux» et pour «eux», un 16 août 1972 .
Ce jour là , le commandant de bord, Mohammed Kabbaj, était aux commandes de son Boeing 727 de la RAM, et feu S.M. le Roi Hassan II, monarque bien aimé et respecté, regagnait son royaume après un court séjour en Rrance .
La «mission» des pilotes de chasse «renégats» était d’abattre l’«avion royal» au-dessus de la Méditerrané, avant son entrée dans l’espace aérien national :
C’était un véritable « complot», ourdi contre une monarchie marocaine généreuse, dont l’histoire ancestrale nous transporte des siècles par delà le temps présent .
Dieu merci, ce «complot» a avorté :
Les infidèles trament un complot contre toi pour te faire prisonnier , te tuer ou te bannir. Ils trament un complot contre toi, mais Dieu trame un complot contre eux .
Et Dieu est le plus redoutable des conspirateurs». Mais revenons aux années 50. A ces années heureuses qui ont suivi l’indépendance de notre pays, à ces années où nous étions jeunes et insouciants , où l’argent n’avait pas de valeur en soi , et ne poussait pas à la jalousie, à l’envie , à la haine à la délation, à la traîtrise et au crime de lèse-majesté.
Nous venions de rentrer au Maroc après deux fructueuses années d’études scientifiques en aéronautique, nous venions de rentrer au pays , diplômés de l’école de l’air de Salon de Provence.
Colonel Abdeslam Bouziane