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Wadii Al Assafi ou la poésie de la vie

© D.R

«Lequel des souvenirs voulez-vous que je relate en si peu de mots ? Que dire ? ». Telle était la première réaction de Assia Wadii, celle que tous les jeunes des centres de réforme appellent affectueusement Mama Assia, quant à la question sur l’image que son défunt père, Mohamed Wadii Al Assafi, dont la grandeur du militantisme n’a d’égal que celle de sa poésie, dans son esprit. Une réaction qui se justifie à plus d’un égard, vu toute la richesse, aussi bien de l’âme, du talent, que de l’engagement de feu Mohamed Wadii Al Assafi. Après un moment d’hésitation, et passé un brin d’émotion étouffée, elle se lance : « Je garderai de lui ce mélange entre une extrême tristesse et cet esprit de l’humour. Je garderai de lui sa poésie. Une poésie qu’était toute sa vie, faite de grandes souffrances, mais aussi d’un grand et éternel espoir ». Assez pour résumer toute une vie faite de lutte et de batailles. A commencer par celle de poursuivre des études dans un Maroc colonisé et qui se battait pour son indépendance.
Le jeune Mohamed entame ses études élémentaires à Safi et Marrakech, à l’époque du Mouvement national, encadré respectivement par Cheikh Mohamed Kanouni et Mokhtar Soussi. Il rejoint l’université Al Qaraouiyine par la suite. Et c’est là où il obtient son diplôme d’études secondaires. On est en 1943, le temps alors est à la lutte pour l’indépendance. Une lutte à laquelle il prendra naturellement part et qui lui vaudra un premier emprisonnement pendant deux ans, suite à sa participation aux événements de Fès survenus au lendemain de la présentation du Manifeste de l’Indépendance. Il est ensuite interdit de poursuivre ses études. Il rejoint par la suite la ville de Meknès où il enseigne à l’école de l’éveil islamique. «Toute sa vie était mêlée de souffrances. Sa détermination et son espoir n’en étaient que plus grandis», explique Mme Wadii. Une détermination qui l’a fait inaugurer la publication de ses écrits en 1942 dans la revue «Culture marocaine», éditée à Rabat, sous la houlette de Mohamed Ghazi.
En 1951, Mohamed Wadii Al Assafi est de nouveau emprisonné au cours des manifestations organisées après l’assassinat du syndicaliste tunisien Ferhat Hachad, puis en 1953 pendant les événements d’Août.
« Des valeurs qu’il m’a transmises, je garderai celle de la citoyenneté, dan son sens le plus large, et de l’amour de la patrie. Celle de remplir d’abord ses obligations avant de revendiquer un quelconque droit. Celle de l’effort désintéressé », dit encore Mme Wadii.
Le tout avec la transcendance de tout conflit d’ordre personnel. Il défendait des valeurs et non pas des intérêts. « Il était d’un désintéressement qui allait jusqu’à s’approcher du mysticisme. Elle m’a appris l’amour de la vie, de la musique, du partage et du don de soi. Et je sais que je ne suis pas la seule à avoir été son élève », ajoute-t-elle.
Les obsèques du poète Mohamed Wadii Al Assafi ont eu lieu lundi au cimetière Chouhada à Casablanca où il repose désormais en paix.

Une vie, un art
Mohamed Wadii Al Assafi compte à son actif plusieurs oeuvres parmi lesquelles un recueil de poésie «Al Jirah Al Anid», publié en 1979, «Diwan Al Ard» (1983) et un ouvrage paru en 1982, intitulé : «La région des Aït Baâmaran : une épopée héroïque». Il publiera également plusieurs autres poèmes et articles dans la revue «Adab» (littérature) ainsi que dans des journaux nationaux tels que «Al Alam», «Attahrir», «Al Mouharir», «Al Balagh», «Al Maghrib» et «Al Ittihad Al Ichtiraki». Le défunt était également directeur du journal «Palestine» qui compte quelque 134 numéros depuis octobre 1968 à mai 1971.

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