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Anas Sorhmat : «Je rêve de représenter le Maroc dans un sport où il ne l’a jamais été auparavant»

© D.R

Entretien avec Anas Sorhmat, pilote moto marocain

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Le jeune pilote marocain Anas Sorhmat s’est qualifié pour le championnat américain de vitesse «MotoAmerica» (catégorie MotoGP) qui se tiendra en avril prochain à Austin, au Texas (sud-ouest des Etats-Unis). Dans cet entretien, ce jeune espoir revient sur sa passion et évoque les difficultés qu’il rencontre tout en affichant de solides ambitions.

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ALM : Comment est née votre passion pour la moto ?

Anas Sorhmat : J’ai été biberonné aux sports mécaniques depuis mon jeune âge. La première moto que j’ai eue avait pour objectif de me servir pour mes déplacements à l’école. J’ai réalisé par la suite que cet engin à deux roues représentait pour moi beaucoup plus qu’un moyen de transport. Il est devenu au fil du temps une obsession. C’est ainsi que j’ai réalisé que la moto c’est ce que j’aimais faire et c’est ce que je pouvais faire le mieux.

Vous êtes encore jeune, quels sont les obstacles que vous rencontrez et qui vous empêchent d’avancer ?

Le sport mécanique au Maroc n’est pas le sport populaire. C’est l’une des principales raisons qui m’ont poussé à voyager à l’autre bout du monde. Et puis vient le côté matériel. Faire de la moto nécessite de grosses dépenses comme tout le reste des sports mécaniques.

J’ai dû donc travailler d’arrache-pied pour pouvoir payer mes entraînements, courses et déplacements de mon équipe, chose qui limitait beaucoup mes performances. J’ai toujours vécu un stress financier, essayant de prendre un minimum de risques pour éviter de détruire la moto, faisant un minimum de pratique en utilisant un minimum de pneus.

Pour 2018, je placerai la barre très haut car je prendrai part à des courses très professionnelles et très médiatisées. Ceci m’ouvrira les portes des partenariats avec des sponsors, ce qui me permettra de me soucier moins du côté financier.  Personellement, je trouve que les obstacles ne sont rien d’autre que des opportunités qui nous démontrent jusqu’à quel point on veut arriver.  Il n’y aurait pas de plaisir à réaliser de grands objectifs s’ils étaient facilement atteints.

Vous avez abandonné vos études pour vous consacrer aux sports mécaniques. Le jeu en vaut-il la chandelle  ?

Personnellement je trouve que les études et le succès dans la vie ne sont pas deux choses associées. J’ai pris une décision qui n’a pas été appréciée par mes parents, celle d’abandonner mes études d’ingénierie pour me focaliser sur ce qui me passionne le plus.

Au final, c’est moi qui suis responsable de mes actes.  Je n’appelle pas les jeunes à renoncer à leurs études. Je trouve qu’il serait beaucoup plus judicieux que chacun s’investisse dans ce qui le passionne et le motive le plus. Confucius a sagement dit un jour : «Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie». Donc, oui le jeu en vaut la chandelle.

Quels sont les risques liés à ce sport mécanique ?

Il est évident que c’est un sport risqué et dangereux. Les pilotes font des virages à plus de 200km/h à quelques centimètres près l’un de l’autre. Mais les circuits sont soumis à des normes internationales de sécurité qui les régissent et qui sont conçus pour ce genre de situation. Quand il arrive qu’un pilote chute, dans la majorité des cas il glisse en dehors de la ligne de course jusqu’à ce qu’il soit retenu par le bac à gravas et se met debout sans généralement aucune égratignure sur sa peau. Mais le drame serait quand le pilote chute et reste dans la ligne de course et qu’il se fasse heurter par un autre compétiteurs. Dans la plupart des cas les chocs sont graves. Toujours est-il, rouler en circuit reste beaucoup moins dangereux que de rouler en ville en pleine circulation. Les chiffres montrent que les pays ayant des taux d’accidents mortels élevés sont les mêmes à ne pas avoir de circuits fermés.

Quelles sont vos ambitions futures ?

J’ambitionne d’intégrer MotoAmerica pour sa prochaine saison, me donner à fond 100% jusqu’à dominer la compétition et remporter le championnat national des Etats-Unis et gagner avec, la confiance d’une des écuries du Championnat du monde MotoGP afin d’avoir mon ticket et ma chance de dominer dans la cour des grands.

Je rêve que tout ceci soit couronné par les victoires qui me permettront de lever le drapeau national et représenter le Maroc dans un sport où il ne l’a jamais été auparavant.

Selon vous, pourquoi les sports mécaniques sont-ils timidement présents au Maroc ?

Pour la simple raison qu’ils sont encore négligés. Cela est dû peut-être à l’absence d’une infrastructure adaptée et le manque d’action des parties responsables. Je reste persuadé qu’avec un circuit au Maroc, des milliers de motards aussi passionnés que moi, auront la chance de pratiquer leurs sport, organiser un championnat national ou régional pour ouvrir une porte d’accès vers d’autres championnats de plus grande ampleur. Cela entraînerait une baisse radicale du nombre des jeunes qui se font tuer sur les routes.

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