A 860 km au sud-est de Moscou, la ville de Samara et son aéroport. Tel a été notre point de chute chez les Soviets (comme dirait Tintin), à l’occasion du «AvtoVaz Discovery Tour». Comme son nom l’indique, ce voyage de presse organisé par AvtoVaz a pour but de faire découvrir toutes les facettes de ce constructeur automobile, implanté dans la localité de Togliatti. Fondé en avril 1966, par le gouvernement de l’Union Soviétique de l’époque, AvtoVaz est aujourd’hui le plus grand constructeur automobile de Russie. D’abord en dimensions d’infrastructure. L’entreprise s’étend sur une superficie de 600 hectares, soit 6 millions de mètres carrés ! Ensuite, en volumes de production. Ayant déjà fabriqué 25 millions de Lada entre 1970 et 2007, AvtoVaz dispose désormais d’une capacité de production d’un million de véhicules par an, comme ce sera d’ailleurs le cas cette année et pour la première fois de son histoire. Autre chiffre éloquent : celui de l’effectif qui compte quelque 104.000 personnes! Des employés qui se relayent pour faire tourner les machines 16 heures par jour et assembler jusqu’à 160 véhicules par heure. Notre visite nous permet d’ailleurs de constater une parité quasi-équilibrée entre les hommes et les femmes. Et ici, on produit de tout, de l’acier, de l’aluminium, du plastique, des transmissions, des pièces détachées et même des châssis. Bref, tous les composants d’une voiture sont fabriqués dans cette usine, dont les 520.000 km2 d’espaces couverts abritent quatre chaînes d’assemblage, qui produisent 14 modèles. L’usine compte aussi 29 lignes d’emboutissage et ses presses (dont la force varie entre 150 et 3.200 tonnes) transforment 1.500 tonnes de métal par jour. Outre l’assemblage, l’usine intègre également des unités de soudure et de peinture, une piste d’essai et un centre de recherches et développement. Ce dernier, inclut un centre de design, une rampe de crash-tests, une chambre de compatibilité électromagnétique et même une soufflerie pour l’aérodynamique. Tout cela est bien. Mais voilà, jadis fiertés de l’industrie russe, les automobiles d’AvtoVaz ont commencé à accuser le poids des ans. Un vieillissement de gamme, manifesté aussi bien sur le plan du design qu’au niveau du contenu technologique.
Un double écueil en passe d’être surmonté, grâce au partenariat conclu cette année par le géant russe avec Renault. En vertu de cette coopération et pour un montant de 1 milliard de dollars, Renault a pris le contrôle d’AvtoVaz en acquérant 25% de son capital, plus une action (minorité de blocage). Du losange, la marque russe va non seulement recevoir des plates-formes, des moteurs, des transmissions et du savoir-faire en tous genres (design, marketing…), mais va aussi profiter d’une meilleure qualité auprès des fournisseurs de Renault-Nissan. De son côté, Renault (qui produit déjà des Logan en Russie dans son usine d’Avtoframos) va, non seulement assembler localement le break Logan MCV, mais va aussi profiter d’une société rentable et consolider ses ventes dans toute une région. A coup sûr, ce partenariat suscite des jalousies auprès des constructeurs automobiles locaux. Car, dans un marché qui croît de façon spectaculaire depuis 2003, AvtoVaz devrait conforter son leadership face aux autres constructeurs locaux qui, eux, perdent du terrain. Gaz, le second groupe automobile russe, songe d’ailleurs à approcher General Motors pour conclure une société conjointe et assembler une rivale à la Logan. L’ombre d’une bataille autour de l’automobile low-cost plane déjà sur la Place Rouge. Et avec Renault dans ses rangs et le savoir-faire du losange dans ses cartons, AvtoVaz semble d’emblée le mieux armé.