Décidément, l’industrie chinoise ne finit pas de faire parler d’elle. Après les confectionneurs du textile, ce sont les constructeurs automobiles qui se réveillent et risquent de faire déferler leurs modèles tous azimuts. Outre le premier constructeur de voitures particulières, Shanghai Automotive Industrial Corp (SAIC), qui avait refusé récemment de racheter Rover (après avoir pris le contrôle du coréen SsangYong), c’est Chery qui fait l’actualité ces jours-ci. Ce groupe a sorti de ses chaînes 80.000 véhicules en 2004, soit 10 % des ventes du leader SAIC. Puis aux Etats-Unis, Chery est parti signer une joint-venture avec le réseau américain VisionaryVehicles pour la création d’une société mixte de ventes, afin de proposer à la clientèle américaine des Chery adaptées aux goûts locaux. C’est clair : rien ne décourage ces Chinois… Jusqu’au piratage même! On ne parlera pas de cette jeune Chinoise en stage chez Valeo, qui a été accusée de piratage industriel après avoir copié des documents (propres à l’entreprise) sur son disque dur. Mais on revient plutôt sur le constructeur Chery, qui défraie la chronique actuellement avec l’affaire de la «QQ». Il s’agit d’une citadine vendue à moins de 5.000 dollars et devenue l’un des modèles les plus populaires de Chine. Sauf que GM Daewoo considère la QQ comme une copie conforme, mais illégale de la Daewoo Matiz, elle-même rebaptisée Spark et fabriquée en Chine sous licence GM par SAIC.
La filiale sud-coréenne de General Motors (GM Daewoo) a, d’ailleurs, porté plainte pour plagiat contre Chery, auprès d’un tribunal de Pékin et réclamé 9,7 millions de dollars de dommages. En attendant, les consommateurs chinois, en quête de petites voitures bon marché, continuent à manifester leur engouement pour ce modèle. Fort de ce succès et de ses velléités expansionnistes, les responsables de Chery envisagent désormais plus d’internationalisation de leur label. Ainsi, il semblerait qu’après la Chine et l’Iran, Chery installera d’autres unités de montage au Pakistan, au Vénézuela, en Malaisie et même en Algérie, d’ici cinq ans. C’est ce qu’a rapporté un portail automobile algérien (Autoalgérie) dans ses pages, citant des sources sûres.
A cela on apprend que SAIC, lui, envisage de produire 50.000 véhicules sous sa propre marque d’ici à 2007 et a annoncé son ambition de faire partie des six premiers mondiaux de l’automobile d’ici 2020. Ce n’est désormais plus une hypothèse : les constructeurs étrangers devront, à terme, prendre en compte l’émergence de ces fabricants chinois, à la fois compétitifs et résignés à exporter massivement leurs véhicules. Constructeurs européens et américains devront donc se méfier. À cet effet, un analyste asiatique n’a pas manqué de rappeler : «Ce qui a pris vingt-cinq ans aux constructeurs japonais, quinze ans aux constructeurs coréens, ira encore plus vite pour les voitures chinoises».