En marge de la visite effectuée la semaine dernière dans les usines Renault en Argentine, Carlos Ghosn, le président de Renault, s’est exprimé sur la conjoncture commerciale difficile que traverse son groupe en cette fin d’année 2006. Lors d’une conférence de presse tenue à Buenos Aires, et avant d’être interpellé sur les mauvais résultats commerciaux enregistrés par Renault durant ces dernières semaines, M. Ghosn s’est d’abord félicité de la reprise du marché argentin. Dans ce dernier, les ventes de voitures neuves devraient dépasser les 400.000 véhicules cette année, alors qu’elles avaient tout juste atteint 90.000 en 2002.
Toujours sur le marché automobile argentin, la marque Renault qui y est présente depuis un demi-siècle, ambitionne de porter son taux de pénétration de 15% en 2009 contre 11,7% en 2006. Pour cela, le constructeur au losange devra continuer à compter sur sa bonne politique réseau, renforcée par une représentation territoriale étoffée (7 filiales, 39 concessionnaires et 70 agents).
Mais lors de cette sortie médiatique, le patron de Renault ne pouvait échapper aux questions des journalistes concernant la forte baisse commerciale de la marque, en Europe et particulièrement en France. En effet, malgré une hausse globale en novembre des immatriculations de près de 4% en Europe, Renault (marques Renault et Dacia) a vu ses ventes reculer de 18,2% à 92.908 unités vendues. En France, cette baisse a été encore plus prononcée avec une chute de 32%. M. Ghosn, connu pour ne pas pratiquer la langue de bois, a dit ne pas être inquiet de la chute des ventes de Renault en 2006.
Tout en tablant sur une reprise en 2007, il avancé que le marché automobile européen ne serait pas pour autant favorable. «La baisse des ventes en 2006 avait été anticipée et je peux vous dire que l’année 2007 sera en partie difficile en Europe», car «nous ne prévoyons pas de redressement du marché européen», a-t-il déclaré. Pénalisé par le faible renouvellement de sa gamme entre 2005 et 2006, Renault s’impatiente sur le lancement des nouveautés, dont celui de la nouvelle génération de Twingo est prévu pour l’été 2007 et qui, selon M. Ghosn, marquera un tournant pour le constructeur.
Auparavant, le lancement de la Laguna III, en 2007 également , constituera la première grande étape du renouvellement de la gamme. Selon l’ambition personnelle de M. Ghosn, l’accent sera mis sur ce modèle pour le placer parmi les meilleurs de sa catégorie, tant en qualité de fabrication que de service.
En 2008, viendront ensuite une dizaine de modèles inédits, y compris certains qui permettront à Renault d’investir de nouveaux segments comme celui des 4×4. C’est dans ce registre que s’inscrit le 4×4 Koleos, présenté par Renault au dernier Mondial de l’Automobile de Paris. Mais «il n’y aura pas de changement de tendance avant que ces produits arrivent», a poursuivi Carlos Ghosn. Puis d’ajouter : «nous tiendrons le cap parce que pour nous c’est une stratégie à long terme…». Pour rappel, cette stratégie a été présentée en février dernier et baptisée «Renault contrat 2009» par M. Ghosn. Ce dernier s’y est engagé à redresser la situation de Renault (rentabilité, ventes, image…), mais sans prévoir ni suppression d’emploi ni fermeture d’usines ou autre solution de facilité en matière de restructuration. Un pari audacieux.