Il ne faut pas être un pur passionné automobile pour constater combien l’on parle, actuellement en Europe, d’écologie en matière de moyens de transport à quatre roues. Depuis l’entrée en vigueur des normes anti-pollutions Euro IV, constructeurs et presse spécialisée se sont littéralement déchaînés. Certains en ont fait plus qu’un sujet à répétition ou même un lobby : un véritable fonds de commerce. On nous crie sur tous les toits que, désormais, le seuil critique et flatteur à atteindre (pour une voiture) est celui compris entre 120 et 130 g de CO2 par km. On nous casse les oreilles – surtout nous autres journalistes spécialisés – de voitures à moteurs hybrides (essence et électricité) à chaque grand Salon automobile de la planète. On nous bassine avec de nouveaux mots ou standards inventés pour la circonstance, tels que «flexi-fuel», «biocarburant»… Même une voiture low-cost comme la Dacia Logan se la joue écologique, en arborant le logo «éco2» (propre à la gamme Renault), histoire de dire qu’elle serait capable d’émettre seulement 97 g de CO2/km, soit moins qu’une Prius, la voiture hybride de Toyota. Puis il y a le grand thème du moment, celui du «bonus écologique», qui est le plus à la mode ces derniers temps et qui trouve une légitimité économico-financière par rapport à la même préoccupation. Le bonus écologique, c’est cette prime qu’un acheteur peut se voir déduire de sa facture proformat, du fait des subventions accordées par les pouvoirs publics. C’est le cas en France où, récemment, le ministère de l’Ecologie – parce qu’ils en ont un dédié qu’à cela – a présenté un système ou barème de bonus-malus applicaple pour tout achat de véhicule neuf. Il en découle que le bonus pourra aller jusqu’à 1.000 euros pour les véhicules neufs les moins polluants (de 130 à moins de 100 g de CO2/km) et le malus jusqu’à 2.600 euros pour les plus polluants (plus de 160 g CO2/km ou plus de 15 ans d’âge).
Tout cela est bien. Tellement bien, qu’il nous laisse penser, rêver, puis regretter que le «vert» soit totalement absent de notre quotidien réel et de nos mentalités. Au Maroc la question écologique est tout sauf une priorité. Une question, non pas que l’on pose en dernier ressort face à un vendeur dans un showroom, mais plutôt qu’on ne se pose même pas ! Est-ce par manque de moyens, de volonté politique ou juste une carence d’ordre culturel ? C’est un peu de tout à la fois. Près de la moitié de notre parc automobile a déjà dépassé les quinze années en tours de roues. Et personne ne s’en plaint. Circulez en ville et vous verrez tous ces tuyaux d’échappement qui rejettent en bloc des nuages de dioxyde carbone, le principal gaz à effet de serre. Nos poumons broient déjà du noir, mais personne n’en parle. C’est une autre «vérité qui dérange». Sauf qu’elle n’est pas verte de couleur, mais plutôt transparente. Elle est donc invisible ou inaperçue. C’est pareil !