Question phare d’actualité, la crise financière menace toujours aux quatre coins de la planète. Les médias ne parlent ces derniers jours que de –feue– la banque d’affaires Lehman Brothers, du repêchage de l’assureur américain AIG ou encore, de la compagnie aérienne Alitalia promise au dépôt de bilan. Le spectre de la faillite n’épargne ni les groupes bancaires, ni les places boursières, ni les marchés sectoriels. Et l’industrie automobile dans tout cela ? Difficile de savoir s’il y aura un impact immédiat, mais ce qui reste sûr, c’est qu’il y aura bien des conséquences si la crise s’amplifie. L’automobile. On la constate déjà florissante à l’Est et trébuchante à l’Ouest. Les ventes des marques asiatiques ne faiblissent pas et les Européens délocalisent de plus en plus vers les pays de l’Est et en Russie. Au même moment, l’industrie automobile américaine, elle, a déjà touché le fond. En fait, l’automobile mondiale ne connaît pas ses plus beaux jours depuis quelques mois déjà, suite à l’envolée des coûts des matières premières et du baril de pétrole. Un ralentissement économique qui n’est pas sans conséquences sur les ventes de véhicules neufs : il fait réfléchir plus d’un acheteur, explique la hausse des prix aux catalogues des marques et entraîne la désaffection pour les voitures gourmandes en carburant. Et ce sont pratiquement ces mêmes effets que l’actuelle crise pourrait fortement engendrer si elle venait à s’amplifier. Dans une conjoncture financière défavorable, l’individu a une perception différente, voire plus négative que d’habitude, sur l’achat d’un bien aussi coûteux qu’une automobile rutilante de l’extérieur et encore plastifiée à l’intérieur. Il (l’acheteur) repoussera l’acte en question, flottera un peu dans l’incertitude ou, tout au moins, privilégiera d’autres dépenses comme tout simplement ses loisirs. Un attentisme qui ne sert bien évidemment pas les constructeurs automobiles et leurs réseaux de distributeurs. Parallèlement à cela, ce n’est pas uniquement des acheteurs que viendrait la baisse des ventes (mondiales) de voitures neuves. Elle serait aussi le fait des organismes de crédit, poussés à une certaine prudence pour éviter quelque chose de similaire à la crise des subprimes dans l’immobilier américain. Certains analystes estiment déjà que «la raréfaction de l’offre de crédit et la hausse des taux sont des réalités» dans le secteur automobile. Les acheteurs de voiture se font rares, alors que le peu qui en reste aura des difficultés à obtenir un crédit. C’est quand même un curieux paradoxe ! Et si les ventes de voitures à crédit prennent un sérieux coup, les constructeurs –dont les marges sont déjà rognées par les différentes hausses (matières premières, énergie…)– s’efforceront de supprimer des emplois dans leurs usines. Leurs équipementiers et fournisseurs battront de l’aile eux aussi et donc, certains ménages en pâtiront. Un cercle vicieux. Rassurons-nous, tout cela n’est qu’une projection –certes des plus pessimistes– de ce qui pourrait arriver au cas où l’économie mondiale devait s’effondrer. En d’autres termes, les experts ne se font pas trop de souci.