Automobile

Essai du Hummer H2 : Bestial, mais séducteur !

© D.R

Depuis 1980, le constructeur Hummer démarrait son activité par la fabrication du «Humvee», un 4×4 destiné à remplacer les Jeep de l’armée américaine. Comme celles-ci (les Jeep), c’est sur le front qu’il gagnera ses galons, et plus précisément dans la (première) guerre du Golfe. Au cours des années 90, la popularité des Hummer allait lui valoir quelques coups médiatiques auprès de quelques clients célèbres, tels que Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone, pour ne citer que des stars hollywoodiennes. A partir de l’année 2000, Hummer, entre-temps passé alors sous le giron du premier groupe automobile mondial (General Motors), allait se pencher sur une variante plus civilisée de son véhicule originel. Ce dernier fut rebaptisé H1, puisqu’en 2002 allait enfin apparaître un modèle à la fois viril et très embourgeoisé : le H2. Aussi mégalomane que la version dont il dérive, le H2 n’en est pas moins massif. Il est même plus mastoc, avec ses 1,98 m de haut sur une longueur totale de 4,82 m, même s’il lui rend quelque 14 cm en largeur. Car avec 2,06 m d’un rétroviseur à l’autre, le H2 dépasse toutes les représentantes de la race automobile. Ni les Cayenne, Range Rover, Land Cruiser VX, et autres Touareg ne font le poids à côté de cet outsider made in USA. D’ailleurs, durant les quelques heures de notre essai, les regards curieux des autres automobilistes n’ont pas taris. «Mais quelle est donc cette drôle de machine ?», semblaient s’interrogeaient certains, fronçant des yeux…
Taillé à la hache, le H2 contourne tous les canons esthétiques actuels. Les phares en amandes, le toit en arche ou le pare-brise incliné, le H2 n’en connaît pas ! Il n’en a même nul besoin pour plaire. Son charme à lui, c’est une silhouette aux atours cubiques (jusqu’à adopter un hayon vertical), mélangée à une bonne dose de bestialité. Celle-ci découle du regard belliqueux que lui confère sa calandre à barreaux cernée de deux phares ronds et coiffée d’un pare buffle peu proéminent mais assez dissuasif. Monté sur de gigantesques roues chaussées de pneus de 18 pouces, le H2 a aussi les artifices du parfait baroudeur, à savoir une garde au sol de 27 cm et des protections en plastique entourant le bas de sa carrosserie. Bien évidement, le plus surprenant sur le plan esthétique reste ses mensurations hors normes. Dès lors, l’intérieur du H2 promet d’être généreux en habitabilité. Pour y accéder, ou plutôt pour y grimper, le marchepied d’une utilité à n’en pas douter.
L’habitacle du H2 est d’une convivialité et d’un raffinement que n’avait pas le H1, dont les sièges en bois (!) et l’équipement minimaliste offraient un «confort» spartiate aux occupants. Ce seul exemplaire que vous pourrez croiser dans la capitale économique et qui (pour ne rien vous cacher) appartient au patron de l’une des plus grandes enseignes de chaussures au Maroc, est même étonnant tant sa livrée est exhaustive, pléthorique même! Sellerie en cuir, chauffante (même à l’arrière), sièges à réglages électriques, capteur de pluie, climatisation automatique à quatre zones et à réglage séparé gauche/droite. Le propriétaire y a même ajouté une installation multimédia dernier cri, incluant des écrans au dos des sièges, reliés à un chargeur 6 DVD et à une console de jeu. Rien que ça ! Nous sommes bien à bord d’une limousine surélevée. D’ailleurs, les pneus sont à compression variable via un bouton à la planche de bord. C’est-à-dire qu’il est possible de les dégonfler un peu, ou les regonfler, en fonction du terrain. Un équipement plus que pratique en franchissement, salvateur même, afin d’évoluer sans «couler» sur sol sableux. Comme on s’en doutait, la largeur importante du H2 profite à son volume intérieur. La banquette peut ainsi accueillir jusqu’à quatre adultes à l’arrière, tandis que le coffre affiche une capacité de1132 litres (et jusqu’à 2.450 litres sièges arrière rabattus). Pour ne pas prendre de place, la roue de secours est installée à l’extérieur, en sac à dos.
Au poste de conduite, le pare-brise large offre une vue panoramique, voire prenante ! On les domine toutes. «Elles», ce sont les autres voitures qui ressemblent presque à des quatre-roues de pacotille, des babioles. La planche de bord surprend par son instrumentation complète, son ordinateur de bord (jusqu’à 28 fonctions) et par sa console centrale façon cockpit d’avion. Car c’est à cela que renvoie la flopée de commandes et le levier de vitesse (automatique) façon manette des gaz. Très luxueux, le H2 est aussi une invitation à la conduite.
Vite, mettons-le en marche pour partir à l’aventure ! Non pas pour faire peur aux autres à bord de ce dinosaure roulant, mais plutôt pour se montrer un peu dans ce joli «petit» camion pour frime… Même si, à notre grande déception, on est obligé de se cantonner au périmètre urbain.
Car, il est vrai que pour qu’il soit dans son élément, le H2 aurait préféré être emmené au Sud, dans les dunes du Sahara, là où bon nombre de 4×4 (et des très populaires aussi) rendent l’âme et s’enlisent. Le H2, lui, n’a de crainte que d’escalader un mur. Et encore, inclinez ce dernier juste un peu, à 72°, et le H2 pourra le remonter malgré ses 3 tonnes sur la balance ! C’est dire sa capacité de monter des escaliers extérieurs avec une facilité déconcertante. Ses aptitudes en off-road sont réputées pour être tout simplement hors du commun. Le H2 est doté d’une transmission aux 4 roues motrices avec une répartition du couple entre les essieux de l’ordre de 60/40, que l’on peut bloquer à 50/50, grâce aux six commandes situées juste à droite du volant. Les boucliers et autres enveloppes au soubassement de son châssis permettent une exploitation totale du véhicule et une étanchéité dans les marécages, jusqu’à la hauteur des vitres ! Pour évoluer sur des terrains encore plus difficiles, pas de problème non plus. Les voies larges autorisent un angle de dévers maximum de 40°, tandis que la suspension pneumatique à hauteur variable permet d’augmenter la garde au sol de 25 à près de 27 cm. A noter aussi sa capacité de pouvoir tracter une remorque de 3 tonnes… ou un autre Hummer en panne sèche par exemple.
Vous l’aurez compris : si «à l’impossible nul n’est tenu», au Hummer rien ne semble impossible ! Sauf peut être se faufiler dans les méandres de la ville pendant les «rush hours», comme on dit en Amérique pour parler des heures de pointe. Idem pour l’autoroute qui n’est plutôt pas son terrain de prédilection. Car, avec un poids aussi important et un profil anti-aérodynamique, les 322 ch du H2 avouent vite leur limitent. Pourtant, sous son capot loge un gros V8 de 6 litres de cylindrée. Pour histoire, 6 litres c’est la cylindrée qu’affichent par exemple les Série 7, A8 et autres Classe S… en version V12 ! Sauf qu’à bord du H2, les performances n’ont rien de surprenant. Elles sont même peu flatteuses. Certes, ce mastodonte parvient à s’acquitter du 0 à 100 en moins de 10 secondes, mais sa vitesse maxi ne dépasse pas les 150 km/h, bridée électroniquement pour répondre à la législation américaine. Débridé, le H2 atteindrait les 175 km/h. Mais qu’à cela ne tienne, la transmission étant assurée par une boîte auto à 4 rapports, quelques kick down sur le bitume suffisent à prendre du plaisir. Celui de se sentir soudainement propulsé, tout en écoutant le vrombissement du V8. Une symphonie jouissive ! Du moins pour les puristes.
Le tableau est en revanche moins idyllique sur le plan de la consommation. Car, en moyenne, cette gourmande bête avale sans vergogne entre 25 et 30 l d’essence au 100 km. Heureusement, le réservoir de 125 litres (vive la démesure) évite les arrêts fréquents à la pompe, à condition de mettre le plein à chaque fois. Autre grief : le freinage. Il n’est en effet pas si facile d’arrêter un H2 à vive allure, tellement sa masse est importante. Dépassé par les événement, ce Hummer accuse même un tangage des moins rassurants.
Au final, le H2 apparaît comme un bel exemple de la démesure américaine. En effet, à l’exception de ses performances routières, ce Hummer est le 4×4 de tous les records et de tous les superlatifs. Idem pour son prix plutôt élitiste, qui se négocie au-delà du million de dirhams. Plus précisément entre 1.100.000 et 1.200.000 DH selon la personne qui nous a assisté pendant cet essai. Un essai que nous ne sommes pas prêt à oublier.

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