Les premières études de la Renault 4 démarrent en 1949 avec le projet 109, directement issu de la 4 CV. En septembre 1952, une seconde réflexion est engagée sur le remplacement de la 4 CV et le service des études de marché de Renault insiste sur la nécessité de proposer le futur modèle en plusieurs versions, notamment en «une berline populaire, un modèle semi-utilitaire et un utilitaire». Le 11 février 1955, Pierre Lefaucheux décède accidentellement et Pierre Dreyfus est nommé à sa place à la tête de la régie Renault le 27 mars suivant. Haut fonctionnaire au ministère de la production industrielle, et à ce titre vice-président de la Régie nationale depuis 1948, Dreyfus connaît tout de Renault. En 1956, il lança le projet de «la voiture blue-jean». Pour Dreyfus, la voiture de demain se décline sur les polyvalences : elle doit être à la fois celle des villes et des campagnes, de la semaine et des week-ends, du travail et des vacances, de l’homme et de la femme. D’ou le choix du terme «voiture blue-jean». Il fallait aussi répondre à un autre succès français, la Citroën 2 CV.
Dreyfus était également convaincu de l’importance d’accompagner la place et le rôle de la femme dans la société. A ce moment précis de l’histoire en Europe, l’arrivée du deuxième salaire, (grâce au plein emploi) bouscule les catégories sociales et les schémas familiaux. Il accélère également la consommation, dont celle de l’automobile. Un produit qui fut rapidement adoptée par la gente féminine, et contribua à ce que le nombre de permis de conduire s’égalise entre les sexes.
En 1959, les prototypes de la future Renault 4 sillonnent les routes du monde. Des USA à la Suède en passant par la Sardaigne ou la Guinée, où ils ont connu les conditions de roulage les plus extrêmes.
Après cinq ans de développement, la Renault 4, première voiture particulière de la marque à traction avant, est dévoilée à la presse en 1961. Puis au grand public la même année, au Salon de l’Auto du Grand Palais à Paris. À son lancement, trois versions et une fourgonnette sont présentées ; la R3 (qui disparaîtra du catalogue l’année suivante), la R4 et la R4L (L pour luxe). Ce qui deviendra très rapidement le surnom de la Renault 4. Elle séduit tout de suite par son habitacle particulier et sa capacité d’adaptation très singulière. Seulement six ans après son lancement, la Renault 4 dépasse le cap du millionième exemplaire produit. Avec un succès fulgurant à l’international (six voitures sur dix étaient vendues hors de l’hexagone). Les records ne cesseront plus de tomber pour atteindre, en 1992, une production totale de 8.135.424 unités en trente et un ans de carrière. Elle continuera tout de même à être produite jusqu’à 1994 en Slovénie et au Maroc.