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Innovation verte : Universiapolis d’Agadir trace la route d’une mobilité marocaine bas carbone

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Chaque promotion compte six à huit élèves-ingénieurs mobilisés à l’année, devenus pour la plupart cadres R&D dans l’automobile, l’aéronautique ou l’électrotechnique. 

Transition énergétique : L’essor du véhicule propre ne se fera pas sans matériaux et savoir-faire. Les projets de gigafactories de batteries à Kenitra et d’hydrogène vert dans le Sud offrent aux prototypes gadiris un laboratoire grandeur nature.

Au moment où le Maroc accélère sa transition énergétique –déjà 42 % de la capacité électrique assurée par les renouvelables en 2025 et l’objectif des 52 % avancé à 2026– de jeunes ingénieurs gadiris démontrent qu’une voiture sobre peut aussi devenir un produit d’exportation intellectuelle. Leur équipe «Universia Créateurs» de l’Ecole Polytechnique de l’Université internationale d’Agadir Universiapolis vient, pour la dixième année, de porter les couleurs nationales au Shell Eco-Marathon : 203 km/L avec le prototype Dynamar et une 15e place parmi une quarantaine d’écoles européennes de référence.

A noter que tous les châssis du véhicule ont été intégralement conçus et usinés dans les ateliers de l’École Polytechnique. Chaque châssis a été entièrement imaginé, conçu et usiné sur place. Sans la moindre sous-traitance étrangère, l’équipe s’est contentée d’un budget d’environ 350.000 DH par saison et s’appuie sur une R&D frugale : impression 3D maison, pièces composites moulées en interne et moteur affûté grâce aux simulations CFD. Depuis 2015, l’aventure étudiante de l’École Polytechnique d’Agadir suit une trajectoire ascendante : à Rotterdam, le prototype Minimisa IV inaugurait l’épopée avec 64,1 km/L ; deux ans plus tard, à Londres, Optimar II avait franchi le seuil symbolique des 200 km/L et installait l’équipe parmi les outsiders qui comptent. Le véritable exploit survient en 2024 sur le circuit de Nogaro, où Optimar V, monocoque composite bardé de télémétrie embarquée, établissait un record interne de 235,5 km/L. Enfin, en 2025, malgré un règlement alourdi, le nouveau-né Dynamar a bouclé le Silesia Ring à 203 km/L, décrochant la 15e place, confirmant son statut de seule formation marocaine finaliste. Soulignons également que chaque promotion compte six à huit élèves-ingénieurs mobilisés à l’année, devenus pour la plupart cadres R&D dans l’automobile, l’aéronautique ou l’électrotechnique. Un tiers a rejoint les écosystèmes de Kenitra et Tanger-Med, répondant au besoin de profils formés à l’optimisation énergétique. Un autre tiers crée des startups dans la micromobilité ou le diagnostic énergétique des bâtiments, profitant des incitations fiscales green.

Le Royaume ne se contente plus de grands parcs solaires ou éoliens ; il veut créer une filière industrielle complète, des batteries au véhicule fini. Le plan gouvernemental prévoit 15 GW supplémentaires de capacités vertes d’ici 2030 et un triplement des investissements annuels dans le secteur. L’automobile suit le mouvement: l’usine Stellantis de Kénitra vient d’être retenue pour la version électrique de la Citroën C4, confirmant le basculement du site vers la propulsion zéro-émission Résultat : selon BMI-Fitch, les ventes de véhicules électriques bondiront de 50 % en 2025 pour atteindre 4.404 unités et 2,6 % de part de marché.
L’essor du véhicule propre ne se fera pas sans matériaux et savoir-faire. Les projets de gigafactories de batteries à Kenitra et d’hydrogène vert dans le Sud offrent aux prototypes gadiris un laboratoire grandeur nature : d’ici deux ans, l’équipe espère passer du carburant fossile au bio-éthanol puis tester la pile à combustible légère sur la base d’hydrogène vert produit localement. Objectif affiché pour 2026 : 250 km/L équivalent essence et une entrée dans le Top 10 européen

Universia Créateurs fournit ainsi la preuve-concept que la recherche appliquée peut naître dans les régions et servir de vitrine diplomatique à l’heure où Rabat négocie des accords de décarbonation avec Bruxelles. Dans la bataille mondiale pour attirer les investissements cleantech, montrer qu’un campus universitaire en région sait dessiner un véhicule à 200 km/L vaut parfois plus qu’un discours. Entre ambition nationale et ingéniosité locale, Agadir et sa région ne se contentent plus ainsi d’exporter du soleil, des fruits et légumes. Elle exporte désormais de l’ingénierie. Dynamar n’est peut-être qu’un prototype, mais il illustre à plein régime la trajectoire marocaine : rouler plus loin, consommer moins, fabriquer chez nous.

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