Jean Ragnotti est l’un des pilotes de rallye les plus prolifiques de l’histoire automobile. Il a remporté trois victoires sur des épreuves du championnat du monde des rallyes (WRC) et a disputé 43 épreuves étalées sur 23 années, de 1973 à 1996. Il dispose d’un palmarès conséquent.
ALM : Quand est-ce que votre histoire avec la course automobile a-t-elle commencé ?
Jean Ragnotti : Quand j’ai commencé mon histoire avec la course automobile, j’avais 18 ans (aujourd’hui je vais bientôt avoir 70 ans). C’était en 1967, j’avais commencé par me procurer une Renault 8 Gordini avec laquelle j’ai participé au Rallye-Pétrole d’Istres. Mais c’est en 1977 que je suis devenu pilote professionnel en signant mon premier contrat avec Renault. Après une riche carrière en course automobile avec le constructeur au losange, j’ai commencé à accomplir des opérations de communication pour Renault depuis 1997.
Que pensez-vous de la Mégane R.S. développée par Renault et qui a concouru au WTCC à Marrakech ? L’avez-vous conduite ?
Oui je l’ai conduite à haut niveau et tout ce que je peux vous dire c’est que la Mégane R.S a un châssis et un moteur très performants. Elle négocie parfaitement les chicanes à plus de 200 km/h. La voiture reste également très facile à repartir à bas régime et sans besoin de trop pousser. Moi ce que j’adore faire, c’est supprimer l’ESP et ainsi m’amuser à fond sur les chaussées glissantes ! (Rires). La Renault Twizy F1 m’a également procuré des sensations originales avec ses accélérations percutantes.
Qu’est-ce qui change aujourd’hui en comparaison avec les rallyes de votre époque ?
Les rallyes d’autrefois étaient très physiques. La fiabilité des voitures était rudement mise à mal, surtout sur des circuits comme le Portugal ou la Grèce, qui offraient des chaussées très hétérogènes. A l’époque aussi, les constructeurs étaient plus nombreux à participer aux courses. Il y avait beaucoup de voitures, de marques et de modèles sur une même compétition. Il faut dire aussi qu’en ce temps, organiser une course automobile était peu coûteux. Aujourd’hui, avec l’électronique, les courses ressemblent à un sprint ! Il y a moins de soucis mécaniques et tout est tellement planifié. Il n’y a pratiquement plus de suspense et on sait presque déjà à l’avance qui va gagner et qui va perdre.
L’ambiance devait être bien différente…
Bien sûr ! Déjà les rallyes de l’époque étaient plus longs que ceux d’aujourd’hui, du moins sur la période où j’ai concouru, c’est à dire de 1970 à 1985. Pour les reconnaissances de pistes, on prenait le temps de découvrir le circuit et ça pouvait prendre plusieurs jours.
Aujourd’hui, les pilotes ont moins de 48 heures pour reconnaître un parcours et donc ils le filment pour pouvoir le visionner et l’étudier tranquillement. A chaque époque sa course !