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La tension monte entre Porsche et VW à l’aube de leur mariage

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Toute la semaine dernière, la presse allemande a bruissé de rumeurs sur un éventuel départ de Wendelin Wiedeking, le patron du spécialiste des voitures de sport, qui serait sacrifié sur l’autel de la paix sociale par un des personnages clef de ce feuilleton, Ferdinand Piëch.
Celui-ci, copropriétaire de Porsche tout en étant président du conseil de surveillance de Volkswagen, serait particulièrement agacé par les relations pour le moins conflictuelles qu’entretient un des patrons les mieux payés d’Allemagne avec les syndicats du constructeur, dont le rôle est crucial chez Volkswagen. La tradition de cogestion à l’allemande, où les représentants des salariés disposent d’un droit de regard sur les décisions stratégiques, est profondément ancrée dans le groupe de Wolfsburg (nord de l’Allemagne). Et ce depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale quand les syndicats ont été associés à la gestion d’une entreprise, ex-fleuron du régime nazi.
Le vote d’une loi spécifique à Volkswagen en 1960, au moment de la privatisation du créateur de la Coccinelle puis de la Golf, a ensuite entériné un rapport de force plus favorable aux syndicats que dans n’importe quelle autre entreprise du pays.
Autant dire que la personnalité de Wendelin Wiedeking, patron du futur propriétaire de VW, est aux antipodes. Dès la montée de Porsche au capital du premier constructeur européen, il avait lâché une bombe en affirmant qu’il n’y aurait pas de «vaches sacrées» chez VW.
Depuis, il est empêtré dans un conflit sans fin avec le syndicat de la métallurgie IG Metall, qui représente plus de 90% des salariés de VW. En cause notamment, la représentation du personnel dans la société européenne qui chapeautera l’ensemble du nouveau groupe.
Une procédure judiciaire est en cours et la médiation entre les deux camps, prévue le 10 septembre, a d’ores et déjà échoué, IG Metall ayant annoncé fin août son refus d’y participer. A plusieurs reprises déjà, les métallos allemands avaient usé de mots très durs à l’encontre de Porsche, notamment de son patron. Bernd Osterloh, le président du comité d’entreprise dénonçant «l’arrogance d’un monarque absolu» ou le qualifiant de «dilettant».
Mais il ne s’agit pas seulement d’un face-à-face entre M. Wiedeking et les salariés de Volkswagen, arbitré par Ferdinand Piëch, assis sur deux fauteuils à la fois.
D’abord, le syndicat IG Metall de Porsche, lui, est favorable au rachat de VW. Et son chef, l’ancien boxeur Uwe Hück, ne se prive pas de le répéter, estimant que son camarade M. Osterloh ne cherche qu’à conserver son pouvoir. Ensuite, le cousin de M. Piëch, représentant de l’autre branche de la famille Porsche, Wolfgang Porsche, passe pour un fervent supporter de M. Wiedeking. Et rien ne laisse supposer qu’il est prêt à sacrifier un dirigeant qui a fait du concepteur du 911 le constructeur automobile le plus rentable au monde. Enfin, sur le terrain politique, la nouvelle version de la loi VW, rendue obligatoire après la condamnation du texte original par la justice européenne l’an passé et concoctée par le gouvernement allemand, arrive devant le Parlement, suscitant de nouvelles joutes oratoires. Berlin, sous pression des syndicats, a maintenu le droit de veto de l’actionnaire public, l’Etat régional de Basse-Saxe (nord), détenteur de 20% du capital. Au risque d’un nouveau conflit avec la Commission de Bruxelles.
Une réunion du conseil de surveillance de Volkswagen est prévue vendredi (12 septembre 2008). Le même jour, IG Metall a appelé les salariés à manifester.

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