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Landwind ou quand la Chine se met en quatre

© D.R

Il est désormais impossible d ne pas évoquer le Landwind lorsqu’on parle de véhicules tout-terrain. Cela, d’autant plus que ce 4×4 est indéniablement le véhicule chinois le plus connu du grand public, que ce soit en Europe comme au Maroc. Et pour cause. Il appartient à la gamme de Jiangling Motors Company (JMC), soit le premier constructeur chinois ayant exposé ses véhicules lors du dernier Salon automobile de Francfort, en septembre 2005. Basé dans le sud-est du pays, JMC existe depuis 1968, emploie 15.000 personnes et a produit quelque 100.000 véhicules l’an dernier. Pour 2006, sa capacité de production devrait sensiblement augmenter, atteignant 50.000 unités pour le seul modèle Landwind. Ce 4×4, qui reprend la plate-forme et la motorisation d’un Isuzu Rodeo, tandis qu’il s’habille d’une carrosserie très proche esthétiquement de l’Opel Frontera. C’est donc un modèle qui n’est pas très dépassé. Il a d’ailleurs déjà séduit plusieurs centaines de clients en Europe et ce malgré une polémique relative à son niveau de sécurité et de résistance en cas d’accident.
Une polémique née d’un «crash-test» auquel le Landwind a échoué et qui, vraisemblablement, a été bidouillé par l’automobile-club allemand ADAC. Cet organisme, assez connu pour sa partialité et son soutien aux concessionnaires de véhicules d’occasion (un important lobby en Allemagne), est celui-là même qui avait fait effectuer des tests dynamiques douteux à la Dacia Logan…
Après avoir «crashé» le Landwind, l’ADAC a émis un jugement considérant ce véhicule comme «dangereux», mais n’a curieusement jamais accepté de communiquer officiellement sur ses tests auxquels, d’ailleurs, aucun représentant de JMC n’avait assisté. Or, en Chine, le Landwind a passé avec succès les tests sévères du «National Passenger Cars test Center». Mieux encore, JMC a effectué une contre-expertise par l’intermédiaire du TÜV, le très sérieux organisme allemand de certification en matière de qualité et de sécurité. Les résultats du crash-test se sont avérés positifs et la sécurité à bord de ce véhicule en accord avec les réglementations européennes. De ce fait, le Landwind était prêt pour revendiquer son homologation européenne. Une procédure qui est en cours d’obtention actuellement et qui devrait aboutir dans quelques mois. Le Landwind est donc loin d’être aussi dangereux qu’on ne le pense. Loin de toutes ces appréhensions, le client marocain appréciera surtout le côté abordable de ce produit. En effet, importé par la Marocaine d’importation et de vente d’automobiles (Madiva), le Landwind est l’un des 4×4 les moins chers du marché automobile national.
Ses prix démarrent à 215.000 DH pour la carrosserie courte (avec toit rigide ou capote en toile) et 220.000 DH pour la version cinq portes. Des tarifs assez attrayants, voire imbattables. Du moins pour un 4×4 de ce gabarit, qui plus est s’anime d’un moteur Diesel (2.8 litres de 92 chevaux) et reçoit un équipement complet. Car, excepté la sellerie cuir, qui reste facturée en option, tout y est : le double airbag, l’autoradio avec lecteur CD, les quatre lève-vitres électriques, des jantes en aluminium chaussés de pneus 16 pouces…
Tout cela dans un 4×4 qui s’affiche au prix d’une berline compacte ! Dès lors, on est tentés de se demander si le Landwind va bousculer la concurrence par la compétitivité de son rapport prix/équipement/prestations ?
A cette interrogation, plusieurs hauts responsables de sociétés importatrices de voitures n’ont accepté de répondre que sous couvert d’anonymat, mais par la négative. «Le Landwind n’est pas une menace» ont-ils le plus souvent répété…
Quoiqu’il en soit, la vraie réponse à cette question, c’est le temps qui le dira. En attendant et sans avoir encore vraiment démarré une campagne promotionnelle pour le Landwind, Madiva en a déjà livré plus d’une vingtaine durant les trois premiers mois de cette année. Pourtant, selon Abdelmajid Ait Lafkih, directeur général adjoint de Madiva, le Landwind ne devrait pas constituer de gros volumes de ventes au Maroc. «Le Landwind n’est pas notre cheval de bataille. Nous misons surtout sur les véhicules utilitaires…», déclare-t-il. Il n’empêche que le Landwind a de beaux jours devant lui.


Industrie automobile chinoise : les 4×4 aussi mais…
Après le textile, l’électroménager et l’informatique, ce sont les voitures chinoises qui déferlent sur les marchés internationaux. En Europe comme dans d’autres régions du monde, on s’accorde à qualifier cette industrie de «sino-cynique» et craindre qu’elle déstabilise les marchés. Car, il faut savoir qu’il existe plus d’une centaine de firmes automobile en Chine (environ 130). Parmi elles, dix grands constructeurs occupent une part supérieure à 70% de la production automobile locale.
Une production dont le volume global a frôlé les 5 millions d’unités en 2004. Les trois premiers labels sont respectivement FAW, Saic et Dongfeng. Parmi les autres on pourrait citer notamment les labels, Hafei, Yuejin Auto, Beijing Automotive Industry Holding, Chery, JMC ou encore Great Wall.
La plupart de ces constructeurs disposent dans leur gamme de véhicules utilitaires, qui restent l’une des spécialités asiatiques. Outre les utilitaires, les véhicules 4×4 sont eux aussi de plus en plus prisés par la clientèle en Chine, comme dans les pays voisins. De quoi inciter les constructeurs locaux à rivaliser d’ingéniosité pour offrir des 4×4 dans leur gamme. C’est le cas de Great Wall et de JMC dont les modèles, respectivement Hover et X6, font partie des meilleurs 4×4 du moment.
Seul bémol dans cette histoire, beaucoup de 4×4 ne sont pas le fruit d’une démarche originale. En effet, on assiste à un foisonnement des véhicules tout-terrain, le plus souvent copiés de la concurrence occidentale. Passe encore pour certains modèles dont les concepteurs se sont contentés de reprendre un ou deux détails d’un modèle déjà existant. En revanche, d’autres ont intégralement repris la silhouette de véhicules japonais ou allemands (voire photos).
Les deux exemples les plus flagrants sont le Ceo et le Laibao SR-V, deux 4×4 signés du (petit) constructeur Shuanghuan Motors. Le premier imite magistralement la face avant du Toyota Prado et la partie arrière du BMW X5. Le Laibao SR-V, lui, est une copie conforme au CR-V de Honda. Du moins, sur le plan esthétique. D’ailleurs, ce clonage s’étend presque jusqu’au patronyme. Irrités par cette indécente copie, les responsables de Honda ont décidé de poursuivre en justice le gouvernement chinois pour violation de la propriété intellectuelle.
Dommage, on aurait aimé que le design des véhicules chinois prend la même voie que l’aspect de la qualité, c’est-à-dire en perpétuelle évolution.

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