Négociation entre le Maroc et les USA au sujet de la réglementation technique et de l’homologation des véhicules
Marché automobile. Alors qu’il est plutôt rare de croiser sur les routes marocaines l’une des marques automobiles américaines emblématiques, un travail est actuellement mené pour explorer de nouvelles perspectives. Eclairages.
Les voitures de marques américaines demeurent faiblement représentées dans le parc automobile marocain avec une dominance des marques européennes et certaines asiatiques. Mais la situation pourrait changer à l’avenir. En tout cas, un travail est actuellement mené pour explorer de nouvelles pistes de coopération. Dans ce sens, le ministère du transport et de la logistique a pris part, le 1er et 2 juillet 2024 à Washington, aux travaux de la 8ème session du comité mixte de suivi de la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis. Cette session a été co-présidée par le ministre de l’industrie et du commerce du Maroc, et le représentant adjoint du commerce des États-Unis pour la région de l’Europe et du Moyen-Orient, en présence de l’ambassadeur du Maroc à Washington. Les échanges ont porté sur l’examen des moyens à mettre en œuvre pour renforcer et développer les relations commerciales entre les deux pays dans plusieurs secteurs, y compris celui de l’automobile. A cet égard, les deux parties ont convenu d’approfondir la discussion entre leurs services respectifs en ce qui concerne la réglementation technique et l’homologation des véhicules.
Norme Euro 6
Il semble que l’adoption de la norme Euro 6, devenue obligatoire au Maroc pour l’homologation des véhicules et leur mise en circulation au Royaume, a fini par freiner l’arrivée des voitures fabriquées aux USA sur le marché marocain. Dans ce sens, un récent rapport publié par le Bureau du représentant commercial des États-Unis, affilié au Bureau du président et chargé d’émettre des recommandations sur la politique commerciale américaine et de négocier avec les partenaires internationaux, avait indiqué que «le Maroc a adopté un décret, en vigueur depuis janvier dernier, stipulant que les voitures qui ne respectent pas la norme anti-pollution Euro 6 ne seront pas immatriculées, avec une exception temporaire pour les véhicules lourds.
Généralement seuls les véhicules répondant aux normes automobiles énoncées dans la Convention CEE de 1958 sont autorisés à être importés. Cela empêche de nombreuses voitures produites en Amérique d’entrer sur le marché marocain». Dans le même contexte, le rapport, intitulé «2024 National Trade Estimate on Foreign Trade Barriers», qui dresse un bilan complet des principales barrières à la circulation des marchandises et des investissements américains à l’étranger, indique que «le gouvernement marocain, bien qu’il ait officiellement autorisé l’importation de voitures répondant aux normes fédérales de sécurité, les entreprises américaines continuent de signaler que les douanes marocaines n’ont pas encore adopté de procédures pour résoudre ce processus.
Investissements
Les deux parties semblent déterminées à dépasser cette situation, d’où les réunions organisées au début de ce mois de juillet. Le Maroc et les USA accordent un intérêt particulier au renforcement de la coopération économique dans le domaine de l’automobile. L’un des derniers ambassadeurs US au Maroc était d’ailleurs un opérateur important dans le domaine de la concession automobile au pays de l’oncle Sam. De même, les investissements américains dans le secteur de l’automobile au Maroc connaissent une montée en régime. Ainsi, une usine dans la périphérie de Casablanca avait remporté un contrat pour construire et fournir des pièces automobiles à Tesla. La marque de voitures électriques américaine a donc choisi le Royaume pour faire du «sourcing», ce qui va certainement renforcer la position du pays dans les radars des constructeurs internationaux. Dans les détails, la société américaine implantée à Bouskoura dans la région de Casablanca, STMicroelectronics, avait démarré en 2021 la fabrication du transmetteur principal pour les engins de Tesla, et ce après avoir trouvé un accord avec la maison mère aux Etats-Unis, Tesla Motors. Il faut préciser que les travaux de la 8è session du comité conjoint chargé du suivi de l’accord de libre-échange États-Unis-Maroc ont eu lieu au début de ce mois de juillet à Washington, au département du Commerce américain, sous la coprésidence du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et du Représentant adjoint du Commerce des États-Unis pour la région de l’Europe et du Moyen-Orient, Bryant Trick.
Questions prioritaires
Lors de la cérémonie d’ouverture, marquée par la présence de l’ambassadeur du Maroc à Washington, Youssef Amrani, et une pléiade de responsables américains, l’accent a été mis sur les moyens à mettre en œuvre afin de développer davantage les relations commerciales entre le Maroc et les États-Unis et de donner plus de contenu et de dynamisme à l’accord de libre-échange (ALE), notamment dans les secteurs de l’agriculture, du textile, de l’investissement, et de l’automobile. “La dynamique exceptionnelle déclenchée au cours des vingt années de mise en œuvre de notre ALE est riche de progrès et de réalisations substantielles”, avait indiqué le ministre de l’industrie et du commerce, soulignant dans son allocution qu’il s’agira néanmoins de redoubler d’efforts pour “pleinement capitaliser sur notre coopération et mener à bien toutes les questions en suspens afin d’obtenir des résultats encore plus fructueux et mutuellement bénéfiques”. M. Mezzour a en ce sens évoqué une série de questions prioritaires liées à l’accès des produits marocains au marché américain et vice-versa, abordant dans ce cadre plusieurs aspects connexes au dépassement des barrières non tarifaires. Il a en outre passé en revue plusieurs volets structurants dans les échanges commerciaux entre les deux pays, notamment la coopération dans les domaines agricole, textile, automobile, et bien sûr la question de l’investissement. En marge de la réunion du comité, le ministre de l’industrie et du commerce a tenu une série de rencontres avec de hauts responsables américains, notamment au Département d’État où il a été reçu par le sous-secrétaire d’Etat chargé de la croissance économique, de l’énergie et de l’environnement, Jose Fernandez.
Coopération
Loi IRA. Dans le secteur automobile, M. Mezzour s’est longuement attardé lors du comité conjoint chargé du suivi de l’accord de libre-échange États-Unis-Maroc sur la coopération douanière, qui est susceptible de garantir un contrôle douanier efficace des marchandises échangées entre les deux pays et de faciliter les flux commerciaux bilatéraux. Évoquant la dimension environnementale, il s’est félicité de la récente signature du dernier plan d’action, “dont la mise en œuvre aidera à aligner nos ambitions dans ce domaine.” Le responsable marocain avait souligné, en ce qui concerne l’investissement, que “nous devrions nous féliciter de l’établissement au Maroc de 150 entreprises américaines renommées dans plusieurs secteurs, ce qui témoigne de la confiance accordée par les États-Unis au Maroc dans un contexte où le climat des affaires s’est considérablement amélioré dans le Royaume”. Et de conclure que le Maroc a “toutes les vocations pour constituer un pilier structurel des approches américaines dans le cadre de la nouvelle politique industrielle et d’approvisionnement verte, en particulier celle de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA)”. “Le Royaume pourrait constituer pour les États-Unis une passerelle vers l’Afrique pour s’adresser aux marchés de la région et un lien stratégique dans le développement de chaînes d’approvisionnement résilientes et durables dans de nombreux secteurs stratégiques (automobile, énergies renouvelables, agriculture, santé, FinTech, ITC et infrastructures)”, avait-il dit.