Malgré toutes leurs qualités, les voitures mono-volume de tourisme n’ont –malheureusement- pas encore le succès qu’elles méritent au Maroc, où elles demeurent encore ce qu’appellent les professionnels du secteur, une «niche de marché».
Outre les breaks, cette famille de véhicules est constituée des grands monospaces (comme l’Espace de Renault), des monospaces compacts (genre Citroën Picasso) et des «breakospaces» (façon Toyota Corolla Verso et autres Kia Carens). Et ce sont justement ces deux derniers sous-segments qui réalisent actuellement une jolie percée commerciale sur le marché national. Pour bien comprendre ce dernier, il importe de faire un rappel sur son évolution durant ces cinq dernières années.
Ainsi, en 2001, seules les marques Renault et Citroën faisaient le gros des ventes, avec respectivement 518 Scénic et 219 Picasso, livrés durant cette même année. Idem en 2002 et en 2003 avec plus de rivalité et des parts de plus en plus grandissantes pour le monospace de la marque aux chevrons.
Bien évidemment, quelques nouveaux modèles comme le Mitsubishi Space Wagon, ou encore l’Alhambra de Seat, vivotaient sans jamais inquiéter le duo français. Et il faudra donc attendre 2004 pour voir l’offre se diversifier. Outre la montée progressive du Kia Carens lancé une année auparavant, on a vu l’arrivée de trois grandes nouveautés lors du Salon Auto-Expo (mai 2004) à savoir les Volkswagen Touran Opel Meriva et Toyota Corolla Verso. Si les deux premiers n’ont pu séduire cette même année qu’une poignée d’acheteurs (respectivement 6 et 16 unités vendues), le troisième s’est carrément révélé être un modèle à succès pour Toyota du Maroc.
Car, après avoir enregistré, sur la seule période du Salon, près d’une soixantaine de commandes, le Verso a fini l’année à 358 exemplaires vendus, dépassant -contre toute attente- le Picasso (159 unités en 2004). Parallèlement, l’Altea de Seat faisait une entrée remarquée sur le marché. Non pas par ses ventes, mais par une approche plus originale façonnée par le constructeur espagnol à savoir, le concept de (premier) «monosport» (volume de monospace compacte, mais allure et comportement sportifs). Le Scénic, lui, était toujours leader de son segment, ayant été livré à près de 600 nouveaux acheteurs, en 2004 toujours. Un succès phénoménal auprès d’une clientèle assez spécifique (voir encadré).
Quant à l’année 2005, elle confirme tout simplement l’engouement des Marocains pour les monospaces compacts. Là encore, les chiffres sont là pour le prouver. Et selon les statistiques dont nous disposons (et qui s’arrêtent au 31 septembre 2005), la répartition des ventes entre les différents monospaces compacts qui le constituent se présente comme suit : 567 Renault Scénic, 541 Corolla Verso, 274 Kia Carens, 124 Picasso, 30 Seat Altea, 30 Opel Meriva et 5 Volkswagen Touran. Volkswagen, dont l’importateur (la Centrale Automobile Chérifienne) propose depuis quelques mois la Golf Plus, déclinaison monospace de la compacte du même nom. Dans le même sillage, Renault Maroc propose la variante sept places du Scénic qui, en quelques semaines, s’est déjà trouvé près d’une trentaine d’acheteurs.
Maintenant, que déduire de toutes ces données chiffrées ? D’abord, que la déferlante vague des monospaces ne fait que commencer. Ensuite, que les acheteurs marocains, s’ils ne s’aventurent toujours pas autant sur des modèles comme le Touran, l’Altea ou le Meriva, préfèrent miser sur l’achat prudent d’un monospace français. Mais surtout, la version Verso de la Toyota Corolla surfe plus que jamais sur un nuage commercial. Un succès inespéré, que ce «breakospace» nippon doit à la combinaison de plusieurs qualités.
Un design à la fois sobre, séduisant et hybride (à mi-chemin entre monospace compact et break), un aménagement intérieur modulable de 5 à 7 places, puis l’appartenance à une marque désormais synonyme de fiabilité et de sérieux dans l’esprit du Marocain moyen. Quant à ses prix (de 230.000 à 290.000 DH environ), ils restent un indicateur précieux qui nous permet de prédire combien les monospaces ont de l’avenir au Maroc.
Le phénomène Scénic : un véhicule familial par excellence
Avec le Scénic, apparu en1996, Renault a été le pionnier des monospaces compacts. Un monocorps au look rondouillard, à l’intérieur ultra-spacieux et pratique, mais auquel les responsables du constructeur losange restent incertains quant aux réactions de la clientèle. A la surprise générale, le Scénic va très vite plaire et s’imposer. Bref, une réussite commerciale, couronnée par un titre flatteur, celui de la «Voiture de l’Année» qui est attribué au Scénic en 1997. Un an plus tard, il permet à la gamme Mégane (dont il représente 6% de part de marché, avec 34.000 ventes réalisées) de revendiquer le statut de voiture la plus vendue en France. Au Maroc, le succès du Scénic est tout aussi notoire, mais il reste logiquement proportionnel à l’exiguïté du marché. Qui achète le Scénic au Maroc? Une petite étude menée par ALM auprès des commerciaux du réseau Renault a permis de répondre à cette question et de récolter des données assez intéressantes relatives au profil des clients Scénic. On apprend ainsi que les 2/3 des acheteurs sont des hommes, que la moyenne d’âge de ses propriétaires (y compris les femmes) tourne autour de 38 ans et que dans 85 % des cas, l’acquéreur d’un Scénic est une personne mariée. Dès lors, il apparaît clairement que la clientèle de ce véhicule est avant tout familiale. Des couples pour qui le Scénic semble apparemment être le meilleur véhicule pour dire «famille, je vous aime!».