L’usine Renault de Sandouville, près du Havre, fragilisée par la mévente de la nouvelle Laguna, se prépare à perdre 1.000 emplois sur 3.700 dans le cadre d’un plan d’économies concernant tout le groupe dont les modalités seront débattues mardi lors d’une réunion du CCE.
Bien que collectionnant les récompenses, la nouvelle Laguna se vend mal, à l’instar de la plupart de ses concurrentes françaises ou étrangères de la gamme moyenne supérieure. Après un moment d’euphorie lors du lancement du véhicule à l’automne 2007, la production est retombée à 480 exemplaires par jour alors que l’usine pourrait en fabriquer plus du double.
Pour les syndicats, le nouveau modèle a été pénalisé par l’éco-taxe en vigueur depuis début 2008 et par la baisse du pouvoir d’achat des salariés. «J’ai de l’amertume car les salariés ont beaucoup bossé pour réussir cette voiture qui est d’une excellente qualité», dit Guy Vallot, secrétaire FO du CE.
La situation est d’autant plus préoccupante pour l’usine que les autres voitures assemblées à Sandouville sont en fin de vie. La production de l’Espace est tombée à 100 exemplaires par jour tandis que celle de la berline haut de gamme Vel Satis, lourd échec commercial pour Renault, n’est plus qu’anecdotique (moins de 10).
Dès le début 2008, la direction a eu recours au chômage économique comme au cours des quatre années précédentes. Au cours des neuf premiers mois, cette mesure a été utilisée à 42 reprises sur le flux fabriquant les Laguna et à 25 reprises sur le flux Espace/Vel Satis.
Pour adapter durablement son outil à ses ventes, le constructeur a prévu de supprimer une des deux équipes travaillant sur le flux Laguna, soit mille emplois. Cette mesure s’intègre dans un plan plus global qui vise à réduire les frais de structure du groupe en supprimant, par des départs «volontaires», environ 6.000 emplois en Europe, selon les syndicats.
Les salariés attendent aujourd’hui de connaître précisément les mesures d’accompagnement que la direction doit détailler mardi en CCE. «Au maximum le salarié se verra proposer 24 mois de salaire», assure Josyane Kharo, déléguée CGT, en citant les documents préparatoires au CCE fournis par la direction.
Tout en regrettant «de voir l’usine continuer de se vider», Guy Vallot estime que 600 à 700 salariés, parmi ceux dont l’ancienneté est la plus élevée, pourraient être intéressés par la proposition. «Les plus anciens, ceux qui ont 37 ou 38 annuités, ne demandent qu’à partir, dès lors bien sûr qu’une indemnité conséquente leur sera proposée», assure Guy Vallot.
Au delà, les syndicats craignent pour l’avenir même de cette usine ouverte en 1964 sur un marais asséché de l’estuaire de la Seine et qui a compté jusqu’à 12.000 salariés à la fin des années 70. «A partir du moment où des remplaçantes de l’Espace et de la Vel Satis ne sont pas annoncées et qu’on ne vit que sur la Laguna, l’usine est menacée», estime Josyane Kharo.