Mercedes : les déboires d’un rappel historique

S’il y a bien un P-dg en très mauvaise posture, c’est incontestablement celui de DaimlerChrysler qui l’est le plus actuellement. En effet, Jürgen Schrempp, le président du Directoire du groupe germano-américain, continue à essuyer les critiques les plus virulentes de la part des actionnaires de l’entreprise. Et pour cause, suite à des problèmes de qualité et de fiabilité, rencontrés par plusieurs modèles de la marque à l’étoile, ses responsables avaient annoncé le mois dernier le rappel de 1,3 million de véhicules!
Plus qu’un record, il s’agit-là d’un fait (malheureux) historique chez Mercedes, qui plus est grèvera les résultats financiers annuels du groupe. C’est ce que n’a pas manqué de déclarer lors de la dernière assemblée générale de DaimlerChrysler, son directeur financier, Bodo Übber : «Les dépenses engagées pour résoudre des problèmes de qualité sur les Mercedes-Benz pèseront sur les résultats cette année».
Et d’ajouter : «Nous nous attendons, de nouveau cette année, à un impact important sur les bénéfices liés aux problèmes de qualité». La plupart de ces problèmes sont relatifs à l’électronique embarquée, l’alimentation électrique (batterie et alternateur), ou encore le freinage. Les modèles les plus affectés restent la Classe E, le roadster SL et la CLS. Parmi les cas de pannes fréquentes, on peut citer la défaillance du régulateur de tension, ce qui peut occasionner des perturbations sur diverses fonctions de l’habitacle (climatisation, lève-vitres, sièges chauffants…).
Autre faiblesse, la fragilité de la pompe du circuit de freinage électronique (SBC), qui peut entraîner une dégradation de sa force (le freinage). Face à tous ces problèmes, le constructeur rappellera par courrier personnalisé chaque client concerné pour qu’il se déplace en concession et effectue les inspections et remplacements nécessaires. Car ce rappel ne concerne pas toute la production, mais certaines séries.
En outre, cette gigantesque opération de rappel intervient au moment où les ventes mondiales de Mercedes ont baissé 4,5%, soit 261.700 véhicules, au premier trimestre 2005. Pour s’en défendre et tenter de calmer les esprits, M. Schrempp a pour sa part réaffirmé que les ventes de Mercedes-Benz devraient légèrement augmenter avec l’arrivée de nouveaux modèles sur le marché. L’allusion est ici faite non seulement au nouveau monospace Classe B, mais probablement à la remplaçante de la Classe S, bien que celle-ci n’arrivera qu’en fin d’année. En attendant, le constructeur allemand poursuivra cette gigantesque opération de rappel, qui lui a déjà coûté quelque 500 millions d’euros.
A croire que l’alliance de Mercedes avec l’Américain Chrysler est née sous une mauvaise étoile.