Si elle n’est certes pas toute fraîche, l’information ne manque en tout cas pas d’intérêt : le pneu Airless, dernière création des concepteurs de chez Michelin, résout l’une des questions majeures d’une automobile, celle de la pression des pneus. En effet, il n’y a rien de plus pratique pour un automobiliste que de monter son véhicule sur des roues qui n’auraient plus besoin d’être gonflées, ne pourraient donc plus crever et ne demanderaient pas d’entretien régulier.
Rien de plus normal, puisque de l’air compressé, le pneu Airless n’en a pas ! Et logiquement : sans air, plus de crevaison. Schématiquement, ce pneu se compose, d’une bande de roulement en caoutchouc collée sur une «cage à mouches». Cette drôle d’expression désigne le nom donné en 1941 par Marius Mignol (un ancien ouvrier typographe devenu chercheur chez Michelin) à son invention : un pneu expérimental qui a donné naissance au pneu radial. Il s’agissait d’arceaux métalliques espacés d’environ 1,5 cm et disposés autour du pneu.
Sur ces arceaux venait se poser la bande de roulement. Plus différente, l’architecture de l’Airless, voit ces arceaux en métal disparaître au profit d’une structure radiale réalisée avec des matériaux composites, y compris au niveau des flancs, non recouverts en caoutchouc. Que les autres pneumaticiens se rassurent, le pneu Airless ne va pas très vite reléguer aux oubliettes le traditionnel tubeless. C’est du moins ce qu’a laissé entendre didier Miraton, directeur de la recherche du groupe Michelin. Il a ainsi déclaré : «Michelin Airless fait partie de ces innovations de rupture… Ce sont des sauts technologiques majeurs que Michelin est le premier à imaginer. Nous avançons sérieusement dans l’étude de ces solutions qui aboutiront sur le marché d’ici une quinzaine d’années… Mais une chose est sûre : le pneumatique, tel qu’il existe aujourd’hui, a encore de nombreuses années devant lui !» Aussi résistant et souple qu’une enveloppe traditionnelle, l’Airless s’usera deux fois moins vite et sera deux fois plus silencieux que ceux d’aujourd’hui. Et si au fil des kilomètres, la bande de roulement s’use, le conducteur n’aura qu’à la faire rechaper. La structure radiale, elle, est conçue pour durer autant d’années que votre véhicule. Plus surprenant encore, Didier Miraton précise que «le système Airless a déjà parcouru plusieurs milliers de kilomètres et qu’il a atteint 270 km/h». Mais les ingénieurs de Michelin, estiment surtout que ce pneu s’adresse particulièrement aux pays au développement automobile rapide, comme la Chine et l’Inde, mais dotés d’infrastructures routières déficientes. En outre, la construction particulière de ce pneu le rend parfaitement adapté aussi bien aux véhicules de tourisme qu’aux deux-roues.
Côté commercialisation, Michelin espère que ce produit sera prêt à la vente d’ici une douzaine d’années. Mais à y réfléchir plus longtemps, avec de telles caractéristiques, le pneu Airless se présente comme une véritable roue réellement increvable. Du coup, on est en droit de se demander si le pneu Airless ne va gêner, voire empêcher le développement d’un autre pneu innovant, créé il y a tout juste quelques années et non encore généralisé. Il s’agit du «Pax System», dont l’architecture dite «à chargement vertical» permet de rouler, à plat, à une vitesse de 80 km/h. Quoi qu’il en soit, l’Airless demeure une sacrée innovation du pneumaticien basé à Clermont-Ferrand.