Philippe Cornet : «L’exportation de la Logan vers l’Egypte est un joli succès pour nous»

ALM : Quel commentaire faites-vous à l’annonce de l’ouverture du marché égyptien à la Logan fabriquée au Maroc ?
Philippe Cornet : C’est une bonne nouvelle qui vient couronner tous les efforts du gouvernement marocain déployés dans ce sens. On ne peut évoquer cette question sans reconnaître tout le travail accompli conjointement par MM. Chami, Mezouar, Maazouz et Belarbi. C’est donc un joli succès pour la diplomatie marocaine. Mais ce qu’il faudrait également souligner, c’est que plusieurs délégations se sont rendues en Egypte pour réclamer l’application de l’Accord d’Agadir, lequel est pourtant accepté par la partie marocaine. Ces délégations constituées de responsables et de techniciens provenant du ministère du Commerce extérieur, de la Somaca, de l’Amica (NDLR : l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile) et même de la division Euromed de Renault ont donc constitué le back-office dans ces missions en Egypte.

Et Renault Maroc dans tout cela ?
Renault Maroc a accompagné ces différentes délégations tout au long de ce processus qui vient d’aboutir. A titre d’exemple, une délégation d’experts et de responsables du ministère de l’Industrie et du Commerce égyptien s’était rendue, en juin 2008, à Casablanca, afin de visiter les installations de la Somaca et même vérifier si la Logan produite localement avait bel et bien un taux d’intégration suffisant. Et c’est là que tous nos experts de la Somaca et de Renault Maroc ont donné toutes les explications techniques, à livre ouvert comme on dit… C’est donc un travail collectif et aussi de longue haleine. Car, il ne faut pas oublier que depuis 2005 déjà, les négociations avaient commencé. D’ailleurs, la prise majoritaire du capital de la Somaca par Renault avait été faite dans l’objectif de la mise en œuvre de cet accord.

Combien d’unités de la Logan marocaine seront destinées au marché égyptien ?
Maintenant que l’Egypte s’est engagé à respecter l’Accord d’Agadir et que ses douanes ont reçu des documents qui disposent de ne pas taxer les produits en provenance du Maroc, nous allons enfin pouvoir préparer la Logan pour ce marché. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il nous faudra quelques mois dans le sens où nous allons devoir préparer ce qu’on appelle une «fiche gamme» en concertation avec notre importateur en Egypte. Car, la Logan destinée aux Egyptiens sera strictement animée d’un moteur 1.6 litre essence et aura des niveaux d’équipement au contenu différent de celle qui est vendue au Maroc. Pour répondre à votre question, je dirais que l’Egypte aura droit à quelque 400 unités par mois, à l’image de ce qui est destiné pour chacun des deux marchés européens qui importent la Logan du Maroc, à savoir l’Espagne et la France. Et sur une année pleine, ce sont donc 5.000 Logan qui partiront du Maroc vers l’Egypte. Ces chiffres n’engagent que moi et doivent être confirmés ou infirmés par la région commerciale de Renault qui est responsable de l’Egypte.

La Logan de la Somaca coûtera-t-elle plus chère en Egypte qu’au Maroc ?
Probablement. Mais le surcoût ne sera pas conséquent, dans la mesure où l’acheminement des Logan entre les deux pays se répercutera d’environ 700 euros par véhicule pour le transport. Pour autant, la Logan, qui sera vendue en Egypte sous le badge de Renault, devrait rester parmi les modèles les plus compétitifs de ce marché.

Qu’en est-il de l’incendie qui avait touché une partie de la Somaca ? Où en est l’enquête interne qui doit révéler les causes de cet incident ?
D’abord, j’aimerais préciser que cet incendie n’a touché qu’une petite partie du magasin situé au département tôlerie, qu’il n’a pas affecté l’outil de production et qu’il n’a eu pour conséquence sur le plan industriel qu’un retard de 3 jours par rapport à la date de reprise de l’activité de l’usine après le congé annuel en août. Quant à l’enquête, elle suit son court et il est encore trop tôt pour se prononcer sur les causes de cet incendie. Nous attendrons les conclusions de la commission chargée d’enquêter sur cette question.

Avez-vous pris des mesures supplémentaires afin de renforcer la sécurité au sein de la Somaca et éviter au mieux qu’un tel incident se reproduise à l’avenir ?
Vous savez, une usine est un lieu assez complexe : il y a des transformateurs électriques avec des milliers de volts, des produits inflammables comme les peintures et les solvants, des étincelles de soudures… C’est donc un milieu qui doit être hautement sécurisé. C’est pourquoi nous avons revu toutes nos procédures de contrôle et de sécurité au sein de la Somaca. Il est clair qu’un tel incident comme l’incendie du mois dernier ne doit pas se reproduire.