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Philippe Cornet : «on peut exporter Logan en Europe»

© D.R

ALM : En succédant à Leonardo Perreira Dos Santos, l’ancien P-dg de Renault Maroc, occupez-vous actuellement les mêmes fonctions, ou avez-vous alors des prérogatives autrement plus poussées ?
Philippe Cornet : Je suis P-dg de Renault Maroc, Pdg de la SIAB (NDLR : l’importateur Nissan au Maroc et filiale à 100% de Renault Maroc), mais j’ai également sous mon autorité la Somaca, et c’est là que c’est différent de mon prédécesseur. Je suis en quelque sorte «Monsieur Renault au Maroc».

S’agissant de la dimension industrielle de Renault au Maroc, qu’en est-il du volet des exportations de Logan ? Pourquoi celles-ci n’ont pas abouti par rapport aux dates initialement données par Renault ?
Lorsque Renault a pris le contrôle de la Somaca, il l’a fait avec la perspective de pouvoir notamment exporter des Logan, dans le cadre de l’Accord d’Agadir. Ce texte prévoit une zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, et la Jordanie, soit 0% de taux de droits de douane. Actuellement, cela ne fonctionne pas, car le Maroc a signé l’accord, mais il n’est pas encore ratifié.
Un autre accord pourrait être appliqué, c’est celui de la Ligue arabe, mais ce texte reste difficile à mettre en œuvre, puisque l’Egypte par exemple, exige un taux d’intégration local au moins égal à 60%. Toutes ces considérations sont essentiellement d’ordre politique. Et en ce qui me concerne, je ne fais pas de politique, je suis un professionnel du secteur automobile. C’est tout.

Et l’Espagne, n’a-t-il pas été question, à un moment donné, d’y exporter des Logan ?
L’Espagne et d’autres pays d’Europe, restent à l’ordre du jour concernant les éventuelles exportations de Logan. C’est une possibilité qui existe et que l’on explore au même titre que beaucoup d’autres. Pour l’Europe, il faut savoir que l’usine doit disposer des systèmes d’information de Renault, ceux qui relient toutes les usines de Renault dans le monde, et cela demande des investissements plutôt conséquents. Maintenant, si le marché européen enregistre une très forte demande sur Logan, l’usine de la Somaca pourrait alors être «branchée» au réseau des usines Renault. Au-delà des systèmes d’information, je tiens à préciser que Somaca est parfaitement conforme aux exigences Europe en termes de process industriels et de qualité.

Concernant la Somaca toujours, qu’a donné l’offre publique de rachat (OPR) sur les actions des porteurs minoritaires ?
C’est une opération terminée, et l’on peut dire aujourd’hui que nous avons récupéré près de 95% des actions des petits porteurs, soit environ 14% du capital de la Somaca. Renault détient près de 79% du capital de Somaca. Cette OPR est donc une affaire bouclée et avec succès.

Qu’en est-il des 20% encore détenus par PSA Peugeot-Citroën, souhaitez-vous racheter cette part? Et jusqu’à quand Peugeot et Citroën assureront-ils le montage de leurs ludospaces dans la Somaca ?
Ecoutez, ce n’est pas une priorité. Nous avons quasiment 80% du capital de la Somaca, donc je ne vois pas pourquoi, on irait dépenser de l’argent alors que nous avons actuellement le contrôle de la société avec une part du capital, plus que confortable. De plus, Peugeot est un partenaire exigeant, que nous aimons bien et que nous ne voulons pas voir partir de la Somaca. Quant à la deuxième partie de votre question, je vous répondrais que la Somaca a besoin de volume pour vivre. Donc, les ludospaces Partner et Berlingo continueront à être assemblés à la Somaca tant que PSA le souhaite. Mais en aucun cas, Renault viendra bloquer ou empêcher Peugeot et Citroën dans la fabrication de leur modèle dans l’usine. Vous savez, la capacité réelle de la Somaca est de 75.000 véhicules par an. Cette année, elle en produira 30.000, donc vous voyez qu’il y a encore de la marge pour occuper l’usine, qui tourne actuellement à environ 40% de sa capacité.

Est-ce que le réseau national de Renault Maroc parvient-il à suivre la forte demande que connaît la Logan, notamment en termes de délais de livraison et de service après-vente ?
Je pense que le réseau de Renault Maroc suit globalement bien la demande sur la Logan. Mais à mon goût, certains concessionnaires devraient être moins frileux concernant leurs stocks. C’est-à-dire qu’ils devraient prendre un peu plus de Logan en stocks et à ce moment-là, les délais de livraison aux clients seraient plus courts. Quant au service après-vente, il est tout à fait bon à l’échelon national. Concernant Logan, c’est un véhicule qui n’a pas de souci mécanique et nous enregistrons d’ailleurs un très faible taux d’intervention en garantie.

A fin mai dernier, les ventes de la gamme importée de Renault se sont sensiblement essoufflées au cours de ces derniers mois ? A quoi imputez-vous cette baisse des ventes ?
Je pense qu’il y a un effet dimension. Voilà quelques années, le réseau de Renault Maroc vendait 5.000 voitures par an, alors que cette année, il devrait en écouler 25.000. Le premier réseau de distribution au Maroc a besoin de se mettre en conformité avec cette croissance des volumes. Certains concessionnaires sont bons, j’étais d’ailleurs à Agadir, il y a quelques
jours et je plébiscite cette affaire. Mais d’autres concessions sont perfectibles. Aujourd’hui, ils vendent beaucoup de Logan et de Kangoo et moins de Renault ou de Nissan.
Ce constat me laisse penser que nos concessionnaires ont de plus en plus tendance à négliger la marque Renault. Vous savez, avec la Logan, il y a ce que j’appelle un «effet d’aubaine». Ils vendent beaucoup de Logan et ils sont contents. Mais moi je suis malheureux parce qu’ils ne vendent pas assez de Mégane, ou de Laguna. C’est d’ailleurs l’une de mes principales préoccupations et priorités, que de re-dynamiser les ventes de Renault. D’ailleurs, un plan d’actions a été lancé et son objectif est très clair.

Qu’en est-il de l’évolution des ventes de Nissan au Maroc ?
Je suis très insatisfait des ventes de Nissan au Maroc. Depuis le démarrage de l’Alliance Renault-Nissan en 1999, il a été décidé que le réseau Renault vendra des Nissan et inversement. Je pense que c’était une erreur, et je ne suis pas le seul à penser cela, puisque dans des marchés européens comme l’Allemagne ou l’Autriche, Nissan a repris la distribution de sa gamme en propre. La même chose pourrait arriver au Maroc si on ne redresse pas de façon importante les ventes de Nissan. C’est ridicule par exemple de vendre 260 Nissan Pick-up en 2005 au moment où le Hilux de Toyota s’est vendu à près de 900 unités. Et en tant que président de la SIAB, je ne peux accepter que les ventes de Nissan restent à un seuil aussi bas. Nous avons identifié les causes et avons mis en place avec le directeur commercial de la marque, un plan d’actions. Je suis déterminé à relancer les ventes de Nissan au Maroc.

Est-ce que les ventes de la Logan, cumulées à celles de Renault suffiront-elles à inscrire Renault Maroc en conformité avec les prévisions du «Renault Contrat 2009» initié par le président du groupe, Carlos Ghosn ?
Absolument. Le volume global de Renault et Dacia au Maroc s’inscrira bien dans le «Renault Contrat 2009». En revanche, là où il faudra faire attention, c’est au niveau des ventes par modèle : il ne faudra pas que les ventes de Logan et de Kangoo montés localement masquent le reste de la gamme. Certes aujourd’hui, nous détenons près de 33% du marché, mais il ne faut pas faire de triomphalisme.
Au contraire, il faut se préparer à affronter une concurrence de plus en plus sévère sur le marché marocain.
Pour le reste, il y a encore d’autres chantiers prévus par le plan triennal de Renault. Et à ce niveau, je dirais que Carlos Ghosn a donné des objectifs très clairs, dont trois fondamentaux : qualité, volume et rentabilité. Et pour ce qui est de notre part, nous y travaillons et nous y arriverons.

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