C’est dans la petite ville de Komyo, dans le centre du Japon, que Soichiro Honda a vu le jour le 17 novembre 1906. Fils d’un forgeron, Soichiro va donc grandir dans le bruit du marteau, de l’enclume et autres outillages employés dans la forge de papa, qui sera reconvertie quelques années plus tard en atelier de réparation de vélos. Un lieu hautement initiateur de passion pour Soichiro, puisque dominé par des morceaux de ferrailles et une odeur d’huile enivrante.
A tel point, qu’à 10-12 ans, ce jeune apprenti mécanique est déjà capable de réparer ou d’améliorer une bicyclette. Puis vient la fascination pour l’automobile, depuis le jour où il la voit pour la première fois. Soichiro n’a alors que 15 ans. Ses cours, il les délaisse ; ses profs le méprisent et son école le renvoie. Mais, s’il est loin d’être un élève modèle, Soichiro est plutôt un cancre créatif. Car à 16 ans, il dépose son premier brevet, alors qu’il n’est qu’un apprenti en mécanique automobile dans un garage de Tokyo. C’est d’ailleurs là-bas qu’il fera ses premières armes en mécanique automobile. A 22 ans, il ouvre son propre atelier de mécanique, puis se lance dans la course automobile, avec des engins bidouillés de ses propres mains. Et pas n’importe comment.
Ses bolides expérimentent la suralimentation, inaugurent des radiateurs de refroidissement additionnels et lui permettent de briller en compétition. Mais pas pour longtemps. Car en 1936, un grave accident mettra fin à ses fortes ambitions de pilotage. Tant mieux pour lui, dira-t-on de lui quelques années plus tard après qu’il ait profité de sa longue convalescence pour prendre des cours de mécanique à l’Université technologique de Hamamatsu.
A sa créativité, Soichiro ajoute donc une bonne dose de connaissance en mécanique. Assez en tout cas pour créer une société spécialisée dans l’usinage de segments de piston pour des moteurs à haut rendement. Mais comme pour beaucoup de firmes de l’époque, ses installations seront bombardées durant la Seconde Guerre mondiale. Qu’à cela ne tienne, Soichiro a peut-être tout perdu, sauf sa passion. Le voilà donc repartit en octobre 1946, pour fonder la «Honda Technical Research Institute», qui deviendra deux ans plus tard la Honda Motor Company. Celle-ci se spécialisera d’abord dans des cyclomoteurs, motocyclettes et autres deux-roues économiques.
Une solution miracle pour le transport des citoyens dans le Japon pauvre de l’après-guerre. Très vite, Honda devient un label de référence dans le marché mondial des deux-roues et symbolise la réussite industrielle du Japon de l’après-guerre. La firme peut désormais compter sur des finances solides pour investir dûment le créneau des quatre-roues. Ce sera chose faite en 1962, à l’occasion du Salon de Tokyo où Honda présente sa première automobile, un utilitaire animé d’un moteur de 360 cm3. Vient ensuite la S800 en coupé et cabriolet qui suscitera plus d’intérêt à l’exportation, à l’aube des années 70.
Et justement, en 1972 apparaît la première Civic. Celle-ci permettra d’installer durablement l’image de la marque en tant que constructeur automobile et notamment aux Etats-Unis où elle sera fortement diffusée. Soichiro s’est éteint le 5 août 1991. Il a laissé derrière lui une entreprise prospère, à l’image forte et aux véhicules brillants dans le commerce comme dans la compétition (Formule 1). Pour beaucoup de gens, il aura été un homme surdoué et anticonformiste. La preuve, il évinça ses descendants du pouvoir prétextant : «Je ne crois pas aux héritiers. Jamais la société Honda ne se mettra à son service sous prétexte qu’il est mon fils !». Il a aussi refusé qu’une ville (Suzuka) soit rebaptisée pour porter son nom. Une figure positivement iconoclaste ce Soichiro.