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Transport électrique au Maroc : Encore du chemin à parcourir

© D.R

L’absence d’objectifs chiffrés de l’État laisse les  acteurs perplexes

Le Maroc est -il prêt pour la mobilité durable ? C’est la question à laquelle répond en grande partie l’analyse menée par Nevolys et le Groupe Sunergia en partenariat avec la Fédération de l’énergie. En effet, le basculement vers le tout électrique est en marche un peu partout dans le monde, ce qui pousse les acteurs de l’énergie au Maroc à s’interroger sur l’état des lieux de ce marché en termes d’offre, de parc, des ventes, de chaîne de valeur, d’infrastructures et de cadre législatif et réglementaire. Présentée lors d’une réunion qui s’est déroulée le 10 juillet 2019 au siège de la CGEM, cette étude fait ressortir également une analyse exhaustive du potentiel du marché marocain dans le domaine et émet des recommandations pour implémenter cet écosystème au Maroc. Les détails.

Un écosystème en phase embryonnaire

Constructeurs, acteurs de l’énergie, acteurs de recharge et mobilité, acteurs publics et régulateurs du marché, organismes de recherche… l’écosystème marocain est au stade préliminaire de montage et de structuration, à en croire les réalisateurs de cette étude. Du côté des constructeurs, l’offre des véhicules particuliers et utilitaires se constitue de 34 marques, commercialisées par des importateurs- distributeurs. En 2017, 3 marques commercialisaient des modèles de voitures électriques au Maroc, à savoir Renault, Volvo et Honda. Un an plus tard, d’autres marques s’ajoutent à cette panoplie mettant sur le marché des modèles de voitures hybrides rechargeables BMW, Hyundai, Porsche. L’année en cours, d’autres modèles de voitures électriques seront commercialisés sur le marché marocain par les marques Peugeot et Citroën. Toyota par exemple vers le full hybride depuis 2017. Il y a 4 ans, le Maroc avait conclu un protocole d’accord avec le constructeur automobile chinois BYD (pionnier de la voiture électrique) pour l’implantation d’une usine de voitures électriques près de Tanger et à terme d’une usine de batteries électriques. Pour les bus, le protocole d’accord signé avec le chinois BYD prévoit la construction à terme d’une usine de production de bus électriques et d’une usine de production de trains électriques.

Commercialisation des bornes électriques

Plusieurs équipementiers sont installés au Maroc et pourront garantir la commercialisation et l’installation des bornes de recharge électriques dont ABB, Schneider Electric ou encore Engie. Par ailleurs, il n’existe pas de plate-forme d’itinérance au Maroc. L’étude propose que des acteurs tels que M2M et  HPS pourront participer à sa mise en place en termes de fourniture et installation des lecteurs des cartes NFC sur les bornes de recharge électriques, ou encore en termes de fourniture des applications de lectures des cartes grises NFC marocaines, d’identification des véhicules et de vérification des autorisations et de contrôle d’énergie.

Surmonter les faiblesses

L’étude pointe du doigt le prix de vente des voitures électriques (VE) qui reste plus cher par rapport aux véhicules thermiques, les incitations limitées ne permettant pas de réduire significativement des prix de vente des VE, l’Insuffisance des bornes de recharge rapide sur le réseau routier national et l’inexistence des prises domestiques sécurisées/pilotées. Sans parler du manque de main-d’œuvre qualifiée pour l’entretien et la maintenance des VE et l’absence d’un cadre réglementaire sur la mobilité durable et vente d’énergie par les opérateurs de bornes de recharge. Elle met en garde contre le traitement de la mobilité durable en dehors de la transition énergétique et appréhende l’impact éventuel sur le marché des pièces de rechange et service après- vente.

Incitations pour véhicules électriques : Une période de transition de 10 ans est nécessaire

Il faudrait 10 années de transition afin d’effectuer des incitations pour l’utilisation des voitures électriques. L’étude préconise de mettre en place une prime à l’achat pour les voitures électriques (estimée à 50.000 DH) et un remboursement de la TVA à l’achat de voitures électriques pour les entreprises. Elle recommande également de mettre en œuvre des taux préférentiels pour le financement des véhicules électriques par les organismes de financement ainsi que l’application d’offres préférentielles pour l’assurance auto des VE. Dans le même sens, elle suggère de procéder à une prime à la casse pour le transport en commun et d’offrir des avantages à l’utilisation de véhicules électriques (gratuité péage, stationnement, exonération vignette, réduction des frais d’immatriculation, tarif d’homologation des cyclomoteurs). Au niveau du développement de l’infrastructure de recharge pour véhicules électriques, elle recommande le déploiement progressif d’un réseau de bornes de recharge rapide des véhicules électriques couvrant le réseau routier national, principalement au niveau des stations-service (estimé à 1.500 bornes de recharge, soit 1 chaque 100 km. Borne de 50 Kw incluant 2 prises Financement : 40.000 euros incluant le coût d’installation, soit environ 66 MDH) ou encore mise en place de subventions à l’installation de bornes de recharge (estimées à 30% du coût) pour le privé. Pour les réalisateurs de cette étude, la mise en place d’un projet «Ville pilote» pour le développement d’infrastructure de recharges en milieu urbain est également recommandée. De même, le renforcement de l’écosystème de la mobilité électrique exige la mise en œuvre d’un cadre sur l’exemplarité de l’État et les collectivités territoriales (30% des nouvelles acquisitions à l’horizon 2030).

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93 véhicules électriques seulement sont en circulation en 2018

Le parc automobile au Maroc est estimé à 4,9 millions de véhicules en 2017 avec une augmentation de 67 % sur la période 2008-2017. Dans ce sens 2,8 M de véhicules particuliers (soit 57 % du parc) et 1,1 million de véhicules utilitaires, (soit 22 % du parc) sont en circulation. Les motos ont atteint 1,03 million et représentent 21 % du parc.

S’agissant de la flotte publique (à savoir l’État, les EEP, les collectivités territoriales), elle est composée de 265.000 véhicules à fin 2018 dont 140.000 dans le périmètre de l’étude. Du côté du parc des véhicules électriques, cette étude dévoile qu’il reste encore timide avec 93 véhicules en circulation en 2018. Globalement, le marché des voitures électriques au Maroc reste embryonnaire avec 0,01‰ de part de marché en 2016-2017.

Ce que les acteurs du secteur attendent …

L’étude dévoile que les principaux acteurs ont du mal à se projeter, du fait de l’absence à ce stade d’objectifs chiffrés de l’État en matière de développement du marché de la mobilité durable au Maroc. Au niveau de leurs attentes, la mise en place des subventions étatiques reste la principale demande (31%), si l’on se réfère aux auteurs de cette étude qui ont mené plus de 50 entretiens auprès d’acteurs publics et privés ex aequo avec la baisse des prix de véhicules électriques sur le marché (15%), le développement de l’infrastructure de recharge (15%) et l’exemplarité de l’État en termes de renouvellement de la flotte (15%). Par ailleurs, 14% des acteurs publics et privés interrogés ont exprimé leurs attentes sur le développement du cadre réglementaire sur la mobilité électrique, suivies du développement de communication sur la mobilité électrique (11 %).

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