On attendait des dirigeants des partis politiques la prise en compte d’éléments comme le taux de participation, l’expérience du gouvernement Jettou, les impératifs de l’heure, on pensait que patriotes, ils mettraient tout en œuvre pour que les ministres répondent au profil qu’attendent les Marocains. c’est exactement l’inverse qui se passe. De peur d’être gênés dans leur petit commerce indigent, ils sont en train d’éliminer tous ceux qui pourraient dans certaines conditions, peut-être, leur faire de l’ombre ou leur porter la contradiction. ce phénomène est transversal, c’est le barbecue aux jeunes chez la classe politique. Pour ma part, il y en a deux que je citerai parce qu’il se trouve que je connais très bien les victimes, leur éthique, leur démarche. Je connais aussi ceux qui veulent être leurs bourreaux.
J’ai été plusieurs fois en face de Abbas El Fassi, il est capable d’anesthésier n’importe quel auditoire même surcaféiné, il joue de son caractère "nerveux" comme d’une défense. La logique démocratique l’a amené à la primature, il n’y a rien à en redire. L’affaire Annajat ? Ce n’était qu’un complot visant sa personne, dit-il. Il oublie de dire qu’en juillet 2002, ses propres services l’avaient prévenu que c’était une escroquerie, qu’il a caché la vérité jusqu’à la fermeture des bureaux de vote et qu’il n’a annoncé la nouvelle aux Marocains que 48 heures après les législatives 2002. Tout ça on était prêt à l’oublier. Mais El Fassi et les cadors de l’Istiqlal ont décidé de faire la peau à Toufik Hejira. Son crime est grave il est intelligent, on susurrait son nom comme un possible premier, et lui contrairement à Ghellab a un passé istiqlalien en béton. Et justement les alliés de Abbas dans cette croisade sont les dirigeants istiqlaliens déçus par un ministre de l’Habitat qui leur a refusé des passe-droits. Hejira et moi, on était ensemble à la Fac, lui à l’UGEM moi à l’UNEM, ce qui ne facilitait pas les contacts. Ensuite, j’ai suivi la carrière de l’homme et j’ai pu mieux le connaître, il connaît son affaire, sait se montrer convaincant, fait preuve d’une grande disponibilité et d’un attachement certain à sa grande famille l’Istiqlal. Ils préfèrent user de la calomnie pour tenter de casser un profil qui pourrait… qui sait ? Elyazghi est le plus istiqlalien des Tihadis, contrairement à Bouabid qui ne les a jamais trop fréquentés. Les mauvaises langues disent que c’est pour des raisons de parenté, Elyazghi étant l’allié des Balafrej. En tous cas, il a tous les travers des Istiqlaliens en plus de celui des Baâsistes qu’il a beaucoup fréquentés dans sa jeunesse. Son instinct de tueur politique n’est jamais aussi aiguisé que quand il se sent fragile. Fragile, il doit l’être bigrement, parce qu’il vient d’enlever le droit à la parole à Mohamed El Gahs. Ce dernier n’est candidat à rien, l’ambition personnelle n’est pas le moteur de son action. J’en parle librement parce qu’on est presque siamois et que je le connais mieux que quiconque. Libéré de cette tare, il n’en est que plus à l’aise pour réfléchir et comme il a oublié d’être idiot, son jus de crâne est souvent pertinent. Cela fait des années qu’il sait que le parti va à la casse. Il a l’honnêteté de dire les choses à sa manière tout en refusant à ceux qui pensent la même chose que lui tout comportement clanique. Par ethique, il n’a rien d’un tueur, l’engagement politique étant pour lui synonyme de fraternité. Elyazghi a longtemps eu des rapports privilégiés avec lui, rapports qui tétanisaient El Gahs, l’endormaient au point qu’il est le seul à être étonné que le premier secrétaire de l’USFP, utilise la lâcheté des responsables pour censurer son émission. El Gahs a oublié que depuis 5 ans, le duo Elyazghi-Lachgar a cassé tous ceux dont la matière grise fonctionnait encore, ou qui avaient la colonne vertébrale en place. Il se trouve que tous les bannis étaient à un titre ou un autre proche d’El Gahs. Le fils spirituel aurait dû comprendre que l’infanticide se préparait. Les méthodes les plus fascinantes sont utilisées contre les intelligences au sein des partis. La rénovation ne pourra venir que de l’extérieur et elle est à l’ordre du jour. La complaisance vis-à-vis des structures partisanes, les tentatives de donner du sens à ce qui n’en a pas, ne sont plus de mise. Ces attitudes ne servent qu’à conforter un Jurassic park aussi sénile que vorace.