Nous célébrons le deuxième anniversaire du 16 mai. Pas le vingtième, le deuxième. La police a démantelé, pas plus tard que la semaine dernière, une énième cellule aux projets terroristes. Qui voit-on sur tous les journaux ? Ni les victimes, ni ceux qui combattent le terrorisme et encore moins une dénonciation de la mère nourricière du terrorisme qu’est l’intégrisme. Ce sont les détenus dans le cadre de la lutte antiterroriste qui ont la vedette. Ils réclament leur libération, une enquête internationale, le libre usage des portables et plein d’autres choses. Ils ont opté pour la grève de la faim comme moyen de pression. Médias et associations les soutiennent, en dépit du bon sens et du droit.
Ces prisonniers ont été condamnés de manière définitive par les tribunaux. Les associations de droits de l’Homme ont relevé neuf cas de torture dans le cadre de l’enquête. Neuf cas sur les 3000 arrestations, cela relativise les choses, même si ce sont neuf cas de trop. Cela n’est pas le seul point soulevé par les défenseurs de la Salafiya Jihadia. Ils remettent en cause tous les procès au nom d’une idée de la liberté très suspecte. Ils épousent totalement le point de vue des chioukhs : ceux-ci n’ayant pas de lien direct avec les événements du 16 mai, ils sont donc innocents et détenus pour des opinions.
Les militants des droits de l’Homme qui tombent dans ce panneau insultent ceux qui les écoutent ou qui les lisent. Les Abou Hafs et compagnie ont été condamnés parce qu’ils délivraient quotidiennement les fatwas de la mort. N’est-ce pas Fizazi qui a déclaré que «l’Islam était la religion du meurtre» ? Abou Hafs n’a-t-il pas déclaré que «la Constitution est impie et (que) tous ceux qui s’en réclament sont impies» ?, impie donc redevable des Houdoud, c’est-à- dire de l’assassinat. Dans ces conditions, comment un démocrate peut-il se compromettre dans une lutte pour la libération de ces gens qui n’ont pas montré le moindre signe de regret ? Cette attitude cache plusieurs dérives du droit-de-l’hommisme marocain. D’abord, son instrumentalisation politique. Des courants gauchisants l’utilisent comme arme politique, au mépris de la mission fondamentale de l’établissement de l’Etat de droit. Ainsi, ils ne reconnaissent, de facto, ni les lois, ni les juridictions marocaines. Tout ce qui peut «faire mal au régime» est adoubé, sans discernement aucun. Ensuite, le refus de considérer l’intégrisme fascisant comme une menace aux droits de l’Homme. Pire ,le gauchisme marocain développe une véritable fascination pour la peste verte, parce que celle-ci a le peuple, qu’elle le mobilise et, encore une fois, parce qu’elle menace un régime qui les a vaincus.
Ces constats sont durs, amers, surtout vis-à-vis de personnes qui ont sacrifié leur jeunesse pour leurs convictions et qui ont parfois fait preuve d’un courage admirable. Cela n’excuse pas leur aveuglement actuel. Au lieu de réclamer, sans appui légal, la libération de ceux qui ont semé, pendant des années, la culture du terrorisme, ils feraient mieux d’en défendre leurs victimes. Ainsi, les jeunes filles violentées pour porter le hijab ne méritent-elles pas le soutien de ces associations ? Les artistes interdits par des groupes politiquement identifiés, les projections arrêtées, l’appel à la censure, ne relèvent-ils pas de la protection des droits de l’Homme ? Ces causes ont un tort, elles ne portent pas ombrage au régime.
Le 16 mai n’est pas un accident ou une action isolée. La police a arrêté plusieurs groupes après. Le 16 mai est le produit d’une pensée qui a pu s’installer tranquillement dans le sillage de la mouvance intégriste. Le terrorisme n’est qu’une expression de cette mouvance. Exiger, aujourd’hui, le blanchiment de Fizazi, c’est accepter cette pensée dans le débat public. Triste fin pour des marxistes. C’est Lénine qui disait que «la seule attitude face au fascisme, c’est de l’écraser dans l’œuf». et les intégristes sont des fascistes.