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Administration publique : La révolution au lieu de la réforme

On ne parle ces derniers temps que de l’administration publique et de ses maux. Et elle en compte beaucoup.

Par Omar Dahbi,
Journaliste et écrivain, directeur central des Rédactions de Medi1tv

Mais cela n’empêche qu’il y ait des gens, au sein de cette administration, qui ont beaucoup de talent, d’engagement et de bonne volonté. Mais, il existe un dysfonctionnement structurel qui ne permet pas de faire émerger ces compétences et de capitaliser sur leur savoir-faire.
L’un des problèmes essentiels de l’administration publique marocaine est la défaillance de sa politique en matière de ressources humaines. Cette défaillance s’illustre, entre autres, à travers deux problèmes essentiels : un système de recrutement obsolète et un système d’évaluation arbitraire.
Aujourd’hui, le monde a tellement changé et les défis de l’administration ne sont plus ce qu’ils étaient il y a plusieurs décennies. Si, par le passé, l’administration avait pour raison d’exister la gestion des affaires courantes de l’État et des citoyens, aujourd’hui, cette même administration est appelée à être aussi, et surtout, une force créative et proactive. Aussi, nous ne sommes plus dans un système de : «requête citoyenne directe = réponse administrative». Aujourd’hui, nous sommes dans un système qui nécessite aussi d’être dans la configuration : «besoins futurs du citoyen = anticipation créative de l’administration». Pour ce faire, l’administration n’a plus besoin uniquement de fonctionnaires qui gèrent le quotidien en répondant aux requêtes administratives des citoyens, mais qui, en plus, sont dans le prévisionnel et l’anticipation des besoins. Cette vision de la gestion administrative des affaires publiques a été adoptée au sommet de l’État avec les plans de développement sectoriels dans l’agriculture, le tourisme, l’industrie, les énergies renouvelables, le numérique, etc.

Ces plans, faut-il le rappeler, sont des feuilles de route ayant pour objectif de répondre à l’actuel tout en anticipant l’avenir et elles sont gérées par l’administration publique. Mais cette vision a-t-elle été accompagnée par une refonte de l’administration elle-même? La réponse est bien évidemment non. Car, aujourd’hui, on recrute des fonctionnaires de la même manière qu’on le faisait il y a un siècle : appel à candidatures sur la base de diplômes, suivi d’un concours écrit et, dans de rares cas, un entretien oral. Mais dans l’ensemble de ces étapes, les critères créativité, imagination, proactivité ne sont jamais présents. Ainsi, les fonctionnaires orientés travail basique de gestion des affaires courantes se sont régénérés décennie après décennie et se sont eux-mêmes reproduits dans un cycle interminable. Comment serait-il possible dans ce cas d’anticiper les besoins du citoyen? Cela a fait que nous sommes toujours dans la configuration suivante : «naissance d’un problème = recherche de solution instantanée = problème réel ajourné = problèmes futurs plus graves garantis».
D’autre part, le système de rémunération et d’évaluation des ressources humaines dans l’administration publique ne permet pas d’évaluer justement les fonctionnaires car les critères innovation, anticipation et créativité ne sont pas intégrés. En fait, il existe un seul critère : «être en bons termes avec son chef». Et côté rémunération, l’administration publique s’est retrouvée à des années-lumière des seuils salariaux qui lui permettraient de recruter les compétences capables de faire face aux nouveaux défis et besoins de l’État. Elle n’a donc pas la capacité d’entrer en concurrence avec le secteur privé à ce niveau. Pire : le secteur privé a même réussi à vider lui-même l’administration de ses compétences en leur offrant de meilleures conditions de rémunération et d’épanouissement personnel.
Faire de l’administration publique un levier de développement et de modernisation passe impérativement par la rendre aussi attractive que le secteur privé pour les compétences nationales et la doter de mécanismes de recrutement, de rémunération et de gratification qui lui permettraient d’être efficace et efficiente.
Pour ce faire, nous n’avons pas besoin de «réforme administrative», cela fait des décennies que nous voyons des plans et des projets se défiler sans rien changer. Nous n’avons pas besoin de maquiller notre administration. Nous avons besoin d’une révolution au sein du système administratif marocain.

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