Chroniques

Analyse de l’offensive israélienne à Gaza à travers le prisme du droit international

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Même si des boucliers humains sont présents, les juristes soutiennent que l’obligation incombe toujours à Israël de modifier en conséquence sa politique de ciblage.

Un voile de fumée plane sur Gaza, alors que des panaches s’élèvent des décombres de maisons pulvérisées par les frappes aériennes israéliennes. Les morgues sont saturées, les hôpitaux débordés. Plus de 8.000 Palestiniens ont déjà péri dans l’offensive implacable lancée par Israël après des semaines de tensions croissantes. Israël insiste sur le fait qu’il ne vise que des militants et leurs infrastructures. Mais le nombre effarant de victimes civiles soulève la question : l’usage de la force par Israël est-il conforme au droit international ?

L’offensive actuelle voit Israël déchaîner son pouvoir de feu le plus féroce sur Gaza depuis 1967. Mais les principes juridiques régissant la conduite en temps de guerre ne changent pas. Selon le droit international humanitaire, la pierre angulaire est le principe de distinction – qui oblige les parties à distinguer entre cibles militaires et civiles. Israël prétend respecter cela en utilisant des frappes de précision et des systèmes d’alerte avancés. Mais le nombre de morts en spirale a intensifié l’examen de ses politiques de ciblage et de ses règles d’engagement.

Les groupes de défense des droits de l’Homme accusent Israël d’utiliser une force excessive et disproportionnée qui ne distingue pas suffisamment entre combattants et civils. Ils citent des cas apparents de résidences et de bureaux de médias bombardés sans nécessité militaire claire. Israël insiste sur le fait qu’il ne frappe que des sites qui contribuent à la force militaire du Hamas – mais il définit ces derniers de manière large, incluant même des infrastructures civiles comme des banques et des immeubles résidentiels. Les critiques disent que son interprétation des cibles militaires est trop expansive, violant le principe fondamental de distinction.

Israël affirme que ses frappes sont conformes aux principes juridiques de proportionnalité et de précaution – s’assurant que les pertes civiles ne sont pas excessives par rapport à l’avantage militaire, tout en prenant toutes les précautions possibles pour éviter les pertes civiles. Mais les groupes de défense des droits estiment qu’Israël ne pèse pas correctement la proportionnalité dans ses décisions de ciblage. Ils soutiennent également qu’Israël ne prend pas de précautions suffisantes, citant des incidents comme des frappes sur des immeubles résidentiels bondés pendant la nuit sans avertissement préalable.
Israël nie le ciblage aveugle, notant des mesures comme les «coups de toit» d’avertissement et les appels téléphoniques pour évacuer. Mais les groupes de défense des droits estiment que ces précautions sont inadéquates et n’absoluent pas Israël de sa responsabilité dans les morts civiles résultant de ses attaques. Ils soulignent également l’immense disparité des pertes entre Palestiniens et Israéliens comme preuve d’un usage disproportionné de la force. Bien que légales, les critiques d’Israël disent que ses larges politiques de ciblage ne respectent pas l’esprit du droit international – qui vise à protéger les civils même si des dommages collatéraux sont inévitables en temps de guerre. Mais Israël argue que les défis uniques posés par le champ de bataille urbain de Gaza et les tactiques du Hamas contraignent ses options militaires. Le Hamas intègre des forces et des infrastructures dans des zones densément peuplées, affirme Israël, dans une tactique délibérée pour les immuniser contre les attaques. Cela ne laisse à Israël d’autre choix que de cibler des sites dans des zones civiles. Bien que tragiques, Israël soutient que les morts civiles sont la conséquence malheureuse de l’abus par le Hamas de boucliers humains – faisant partie de sa stratégie pour tirer profit de dommages collatéraux inévitables.

Le droit international interdit l’utilisation de boucliers humains. Mais les experts contestent le fait que rester volontairement dans une zone cible potentielle constitue un «bouclier humain involontaire». Même si des boucliers humains sont présents, les juristes soutiennent que l’obligation incombe toujours à Israël de modifier en conséquence sa politique de ciblage. Israël nie les accusations selon lesquelles il utilise la force de manière aveugle ou excessive, affirmant avoir le droit de neutraliser les actifs militaires du Hamas même s’ils se trouvent parmi des civils. Mais les critiques disent que ses règles d’engagement semblent effacer la distinction cruciale entre boucliers humains volontaires et involontaires.

Analyser la légalité d’incidents spécifiques est difficile étant donné le brouillard de la guerre. Mais les groupes de défense des droits soutiennent que la politique de ciblage globale d’Israël entraîne un nombre de victimes civiles inacceptable, violant l’objectif primordial du droit international de protéger les non-combattants. Israël insiste sur le fait que ses frappes respectent ces principes juridiques. Mais même si elles sont légales, les critiques remettent en question le calcul moral d’une offensive entraînant des coûts humanitaires si lourds.

Le droit international reconnaît que des victimes civiles peuvent se produire même lorsque la distinction, la proportionnalité et la précaution sont exercées. Mais il n’absout pas les parties de considérer les impacts humanitaires cumulatifs de leur approche militaire. Les critiques soutiennent qu’Israël applique la force d’une manière qui pousse les limites juridiques à leur point de rupture. Même si pas techniquement illégales, elles disent que son interprétation cinétique du droit international reste éthiquement troublante et stratégiquement contre-productive. Mais Israël affirme avoir pris des mesures sans précédent pour éviter les pertes civiles, comme l’annulation de frappes et l’émission d’avertissements. Il dit que la responsabilité des pertes incombe entièrement à l’utilisation cynique par le Hamas de boucliers humains. Israël argue que laisser les attaques à la roquette du Hamas sans réponse a aussi des conséquences morales. Il conteste également que les souffrances civiles influenceront les Gazaouis, prétendant que le Hamas exploite leur détresse à son propre profit. Les deux camps étant convaincus du bien-fondé de leur cause, le débat sur le droit international offre peu de terrain d’entente pour briser le cycle de violence.

Ce qui est clair, c’est que les civils paient le prix, leurs voix noyées dans la guerre des récits. La loi tolère les pertes civiles, mais elle n’annule pas le devoir de les éviter. Il n’y a peut-être pas de consensus juridique définitif sur Gaza. Mais le nombre élevé de victimes souligne la nécessité d’une diplomatie créative pour mettre fin à l’effusion de sang. La loi fournit un cadre pour juger la conduite en temps de guerre. Mais seules la politique et l’empathie peuvent apporter la paix. Alors que Gaza brûle, le brouillard de la guerre dissimule autant qu’il révèle. Le plus grand test pour toutes les parties est de savoir si elles ont le courage d’imaginer un avenir différent au-delà du champ de bataille.

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