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Au nom du non droit

© D.R

«L’homme de pouvoir est détruit par le pouvoir, l’homme d’argent par l’argent, l’homme servile par la servilité, l’homme de plaisir par le plaisir. Ainsi le loup des steppes fut-il détruit par sa liberté».
Le loup des steppes
Hermann Hesse

Le Maroc est fait d’exception humaine et géographique. Le Marocain se veut unique, se préfère malin plutôt qu’intelligent et aime les lois qu’il peut enfreindre dans un flirt perpétuel avec la loi et ce qu’elle peut lui apporter comme échappatoires pour l’enfreindre en toute légalité.
Ce Marocain dont je parle ne fait pas l’unanimité, il est sujet à polémique, il est catalogué de loup ou de requin, on le connaît, on l’invite et on s’invite chez lui dans une belle hypocrisie.
Une hypocrisie obligée, car bien que nous soyons en 2021, nous fonctionnons encore de manière tribale ou si vous préférez en cartels. Des meutes de loups ou de moutons menées par des loups. Le plus drôle c’est quand vous refusez le loup protecteur qui de toute façon ne protège rien ; mais utilise un cheptel propre pour sa gouverne et la gouverne des autres afin de s’enrichir ou s’”enpouvoirir”, on vous regarde avec des yeux ronds.
L’appartenance à un groupe et la sociabilité sont le propre de l’humain. Mais l’élan vital qui vous amène à une connexion sociale est mu par la spontanéité ou le libre arbitre philosophique si vous préférez, bien que le libre arbitre n’existe pas si on se réfère aux neurosciences et serait tributaire de consonances biologiques de nos neurones miroirs à nos phéromones en passant par la prénotion et l’habitus inscrits dans nos gènes à force d’héritage environnemental.

Aujourd’hui, l’appartenance à un groupe se justifie par une forme de protection du non-droit. Et ce, dans toutes les niches socio-intellectuelles, du maçon au médecin.
Nous connaissons tous le feu rouge mais certains peuvent le brûler en toute impunité et d’autres seront arrêtés pour avoir pensé dépasser la ligne de démarcation.
Triste réalité. Mais vécu réel.
Un loup avec un cheptel fourni et un historique de magouilles aura gain de cause car les autres loups seront dans ses rangs pour la simple raison que si on devait respecter la loi ou le droit et balayer le pouvoir du loup, il pourrait emporter avec lui plusieurs meutes et désorganiser le système. Donc au mieux attendre qu’il tombe tout seul ou que Dieu ait pitié de nous. Classique. Quand on craint pour son confort, on laisse les loups sillonner nos rues et nos villes. On se sent protégés et avec un peu de chance on pourra aussi faire partie de ceux qui auront des passes de non-droit.
On a fortement échangé sur des visions du monde de demain entre bobos bien nantis.
Mais la Covid a redistribué les cartes pendant un moment.
Nous sommes devenus égaux devant la maladie et même sous de meilleurs cieux en Afrique qu’en Europe ou aux USA.
L humanité a cru à un renouveau avec un retour à une vie dite normale.

Les élans de solidarité et de prise de conscience ont envahi les réseaux sociaux. On se serre les coudes. On pense à l’autre. On demande des participations aux soins des démunis hospitalisés. On se plaint des inégalités face aux soins. On crie à la sensibilisation de la population. Le milieu médical se réjouit du vaccin offert mais doit-on faire confiance ?
C’est ce qui interpelle chez le Marocain. Un Maroc qui a très bien géré et anticipé la Covid et qui vaccine. Et le Marocain trouve le moyen de discuter. Le Marocain se pose des questions. Il se demande si le vaccin sera obligatoire. Pourtant, la réalité est que le Marocain a la chance de pouvoir avoir un vaccin chinois certes, mais le plus rassurant dans le monde et qui a le plus démontré son efficacité car qu’on le veuille ou non, la Chine a mieux géré que les US ou l’Europe.
Alors qu’on se rue pour se faire vacciner aux USA, photos et réseaux sociaux à l’appui, au Maroc on sirote son café sans masque entouré de ses amis en se félicitant d’être un surhomme jusqu’à nouvel ordre.

Pendant qu’on s’entend parler, le loup surfe sur la vague vaccin après la vague Covid et rassemble ses troupes.
Il suffira des inondations casablancaises et en 24 heures, le Marocain cherche son loup. Celui qui lui fera passer les barrages des routes fermées et celui qui permettra l’arrivée des pompiers à 2h du matin pour le sauver de la noyade.
Le loup et le cartel prennent du pouvoir et on verra apparaître le meilleur gestionnaire de crise du déluge covidien au déluge du fleuve de Bouskoura. La planète se rebelle. Construire une ville sur un fleuve était peut-être à réfléchir avant les inondations de 2010 puis à prévenir entre 2010 et 2021. Mais nous étions fort occupés à organiser la COP22.
Comment les loups vont gérer les passes de non-droit face au fleuve ou à la nature qui vocifère ?
On pourra toujours se réunir pour en discuter sans rien appliquer. Car l’essentiel au bout du compte est mon passe de non-droit, l’autre attendra le prochain déluge.

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