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Autrement : Haïti un «avant-goût» de la fin du monde?

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On doit toujours craindre qu’il soit «à venir»! Mardi 12 janvier 2010, le peuple haïtien a été frappé par une catastrophe que personne ne pouvait imaginer. Ce jour-là, en l’espace d’une minute seulement, sa capitale, Port-au-Prince, une ville de deux millions d’habitants, a été presque entièrement détruite par un tremblement de terre. D’autres villes du pays ont subi le même sort. On ne sait toujours pas à combien s’élève le nombre de morts. 70.000? 200.000? Les blessés se comptent par centaines de milliers, et beaucoup vont encore mourir ces jours prochains, faute de soins appropriés. Les sans-abri, les «sans-eau», les «sans-nourriture», les «sans-soin» s’avèrent innombrables.  Quand on subit autant de malheurs, on peut se croire abandonné de Dieu. Un célèbre prédicateur évangélique américain, ancien candidat à l’élection présidentielle, a cru pouvoir prétendre que si le peuple haïtien a subi cette catastrophe, c’est parce qu’il s’est opposé jadis à la France napoléonienne! La Maison-Blanche a dû faire une déclaration pour condamner «des propos aussi stupides». La tragédie haïtienne ne saurait être un «châtiment divin» à l’égard d’un peuple aussi démuni et déjà tellement éprouvé. Elle est «simplement» le résultat terrible d’un phénomène naturel: la collision malheureuse de deux «plaques tectoniques» qui composent la croûte terrestre. Ces plaques en mouvement font que notre planète est un organisme vivant. Parfois la vie conduit trop vite à la mort. Mais la catastrophe vécue par Haïti fait néanmoins penser aux images de «fin du monde» qui sont évoquées aussi bien par le Coran que par la Bible. Tout musulman les a à l’esprit. Il est dit que, au Jour dernier, il y aura une série de cataclysmes: le ciel s’ouvrira, les planètes se disperseront, les mers se soulèveront, les montagnes s’envoleront… Une «dé-création» pour mettre fin à la Création! L’annonce de cette «déconstruction» de l’univers créé vient surtout dire à l’homme que Dieu seul est éternel. Que l’homme doit prendre conscience de ses limites, de son « terme » et s’y préparer à chaque instant. Mais toute une partie du monde, aujourd’hui, est tourmentée, angoissée. C’est particulièrement vrai des sociétés arabes. Les malheurs vécus dans l’impuissance sont alors perçus comme annonciateurs de la fin du monde et, surtout, comme annonçant la victoire définitive de Dieu sur les forces du mal. Toute une littérature dite «apocalyptique» se multiplie ainsi sur les trottoirs et aux étals des libraires des grandes villes musulmanes. Le «marché de la peur», celui de la vengeance, rapporte gros à ceux qui l’alimentent. Mais il ne fait pas progresser nos sociétés. Il enferme, au contraire, les gens dans l’irresponsabilité, l’absence de prise en charge d’eux-mêmes. Le malheur se combat. Et le peuple haïtien, en refusant de mourir, pourrait nous en donner l’exemple.

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