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Autrement : Israël et les révoltes arabes

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Toutes ces semaines, on n’a guère entendu la voix d’Israël, et pas entendu, non plus, les Palestiniens, quel que soit le statut sous lequel ceux-ci se trouvent : occupation israélienne, administration de l’Autorité palestinienne, tutelle du Hamas. Pourtant, la situation au Proche-Orient est aujourd’hui profondément bouleversée. Une sorte de «statu quo» qui convenait parfaitement à l’État hébreu a pris fin. Il est encore trop tôt pour savoir par quoi celui-ci va être remplacé, mais Israël se voit contraint à de nouveaux choix. Hosni Moubarak avait hérité des accords de paix signés en 1979 entre l’Égypte et Israël. Pendant ses trente ans de règne sans partage, il ne les a pas remis en cause, même si ses relations avec Israël n’ont jamais été très chaleureuses. Fidèle allié des États-Unis d’Amérique, il a continué à soutenir le processus de paix israélo-palestinien, apportant son aide à l’Autorité palestinienne contre le mouvement islamiste Hamas. Il a, ainsi, largement contribué à l’enfermement des populations de Gaza. Et l’Égypte fournit à Israël 40 pour 100 du gaz dont ce pays a besoin. Maintenant que le « rais» a chuté, que peut-il se passer? Tous les observateurs de la scène politique égyptienne considèrent que, quel que puisse être le résultat des futures élections législatives, même en cas de bon score réalisé par les Frères musulmans, l’armée égyptienne veillera à ce que les accords passés avec Israël ne soient pas dénoncés. Cependant, une Égypte plus démocratique devra davantage tenir compte des sentiments de son opinion publique. La progression de la démocratie dans les pays arabes devient, ainsi, une donnée avec laquelle Israël doit apprendre à composer. Nul doute que, jusqu’ici, l’Etat juif (comme les démocraties occidentales) a préféré les pouvoirs autocrates. Mais ceux-ci sont tous ébranlés. Avec Hosni Moubarak, Israël, en fait, a perdu son dernier point d’appui arabe. Malgré l’accord de paix de 1994 entre la Jordanie et Israël, les relations ne sont pas bonnes avec le roi Abdallah II. Au Liban, le gouvernement pro-occidental de Saad Hariri a été remplacé par une coalition soutenue par le Hezbollah et l’Iran. Et comme pour rajouter à cette dégradation de la position d’Israël au Proche-Orient, les relations avec la Turquie , longtemps une puissance amie de l’ État juif, sont presque rompues depuis l’attaque par l’armée israélienne, en mars 2010, d’une flottille humanitaire turque au large de Gaza. Partout les alliés d’Israël font défaut (le dernier en date étant l’ Ivoirien Laurent Gbagbo). S’il n’y avait pas encore le soutien inconditionnel des États-Unis, l’État hébreu se retrouverait complètement seul. Dans cette situation, quels choix Israël peut-il faire? Continuer à prétendre avoir la vérité et le droit de son côté, cela à peu près contre tout le monde? Ou bien jouer la carte d’une véritable relance du processus de paix, ce qui ne peut commencer que par un gel réel des colonies dans les Territoires occupés et à Jérusalem ? Il est certain que, actuellement, les dirigeants israéliens s’interrogent et débattent. Peuvent-ils continuer à croire dans l’usage de la force, qui pourrait notamment aller jusqu’ à bombarder les sites nucléaires iraniens? Ou bien doivent-ils saisir comme une chance l’évolution démocratique des sociétés arabes, et poser des actes de réconciliation avec celles-ci?

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