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Autrement : Les enjeux de la crise ivoirienne

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Depuis les élections présidentielles qui se sont déroulées fin novembre, cette ancienne colonie française se retrouve avec deux présidents de la République. Quand bien même les Nations unies et toute la communauté internationale sont convaincues de la large victoire de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara.  le président sortant, Laurent Ghbgbo, refuse le verdict des urnes, soutenu par toute une partie de la population et par un Conseil constitutionnel qui lui est acquis. Les évènements de la Côte d’Ivoire sont importants non seulement pour le peuple ivoirien: ils touchent aussi à la vie du monde, la nôtre. D’abord parce qu’il s’agit du respect des règles démocratiques. Lorsque la démocratie est piétinée quelque part, c’est la notion même de démocratie qui est fragilisée. Ensuite parce que, avec la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire, nous avons un exemple éloquent de ce à quoi aboutit l’instrumentalisation politique des appartenances ethniques et religieuses. Depuis le début des années 1990, en effet, certaines forces politiques et économiques de la Côte d’Ivoire ont voulu construire un clivage entre «les vrais» Ivoiriens et les Ivoiriens d’origine étrangère, entre le nord et le sud du pays, entre les chrétiens et les musulmans… Le concept «d’ivoirité» a ainsi été forgé, pour exclure du pouvoir et des richesses une partie des citoyens. Longtemps, la population de la Côte d’Ivoire a ignoré ces clivages. Mais à force de se les entendre répéter, les gens finissent par y croire. Or, les vraies tensions en Côte d’Ivoire ne sont pas d’ordre ethnique ou religieux. On trouve des représentants des différentes ethnies dans les deux grands camps politiques. L’épouse d’Alassane Ouattara le musulman est chrétienne. Le directeur de protocole de la campagne du chrétien évangélique Laurent Ghagbo vient du Nord. Et la Côte d’Ivoire est depuis si longtemps une terre d’immigration, qu’il y a des personnes d’origine étrangère (en particulier d’origine burkinabe) dans toutes les familles, au Sud comme au Nord. L’avenir de ce pays, aujourd’hui, est entre les mains de tous les hommes de paix, et pas seulement entre celles des neuf mille soldats et policiers déployés par les Nations unies. En Côte d’Ivoire, les prêtres, les pasteurs et les imams sont des autorités morales très écoutées: il importe donc qu’ils refusent de jouer la carte des oppositions religieuses. S’il s’accroche au pouvoir, Laurent Ghbagbo ne peut qu’entraîner son pays dans la déchirure. Mais on pourra comprendre qu’il demande, pour quitter le palais présidentiel, de négocier les conditions de son effacement, afin d’obtenir des garanties pour que ses partisans ne soient pas lésés par l’alternance. L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki vient d’être nommé médiateur de l’Union africaine en Côte d’Ivoire. Il importe qu’il réussisse sa mission. La Côte d’Ivoire ne doit pas devenir une nouvelle ligne de fracture dans le monde.

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