Chroniques

Autrement : Pas de «printemps» démocratique pour l’Iran

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Nombre de spécialistes de ce pays prédisaient qu’après trente années de «révolution islamique», le peuple iranien – les jeunes tout particulièrement – aspirait à autre chose, et qu’Ahmanidejad serait largement rejeté. On ne saura pas avant longtemps la totale vérité sur le résultat de ces élections. Mir Hossein Moussavi, le principal concurrent du président sortant, est-il vraiment parvenu largement en tête du scrutin, comme l’affirment les médias occidentaux et nombre de spécialistes de la réalité humaine et politique de ce pays? Ou bien le scrutin a-t-il eu du mal à départager une jeunesse des villes, désireuse d’un changement de pouvoir, et toute une population, davantage rurale, qui continuerait de faire confiance à Ahmadinejad, le fils de forgeron déterminé à transformer l’histoire du monde en se présentant comme un opposant radical à la domination de l’Occident américain sur le monde?
Quel qu’ait été l’écart entre les candidats, que Moussavi ait dépassé ou non Ahmanidejad, il ne fait point de doute que de très grosses irrégularités ont eu lieu et que les situations de fraude électorale ont été nombreuses, les institutions de la République islamique l’ayant elles-mêmes reconnu. On ne peut nier, non plus, les grandes manifestations de protestation  – des centaines de milliers de personnes ont défilé à Téhéran – qui se sont déroulées au lendemain du vote pour dénoncer la fraude. La contestation, cependant, n’a pu se prolonger longtemps, une répression sanglante s’étant rapidement exercée contre les opposants aux tenants du pouvoir. Comme il y a vingt ans à Pékin, un autre «printemps des peuples» a été étouffé. La comparaison peut certainement être faite entre ces deux «printemps» séparés l’un de l’autre par deux décennies. Car dans les deux cas, nous sommes en présence de systèmes politiques totalitaires. Un système marxiste-léniniste d’un côté, où le Parti communiste  (même si l’idéologie défendue ne ressemble plus guère à du marxisme) subordonne tout au maintien de son pouvoir. La «révolution islamique», d’autre part, qui autorise le déroulement d’élections populaires, à condition que le résultat de celles-ci ne vienne pas la contester et la mettre en péril. Or que peut être la liberté d’un peuple, quand existe, de toutes façons, en parallèle aux pouvoirs élus, un pouvoir «religieux» qui s’est érigé comme existant au-dessus de tout? Que peut être la liberté des Iraniens quand ceux-ci se trouvent «encadrés» en permanence par une «police religieuse», par quelque cent trente mille «gardiens de la révolution «(les «pasdarans»), et par plusieurs centaines de milliers de miliciens défenseurs de ladite «révolution» (les «bassidjis»)? Les ayatollahs de Téhéran se proclament les grands défenseurs et les héraults de l’Islam. Mais un Islam sans liberté, est-ce l’Islam? Au Liban, en revanche, le Hezbollah était donné gagnant aux élections législatives qui ont eu lieu également début juin. Il a largement perdu, et a accepté loyalement le résultat des urnes.

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