Et voilà que tout à coup, ce week-end, Israël décide de manière unilatérale de mettre fin à son offensive meurtrière et disproportionnée. Tsahal aurait-il réussi à mener à bien ses objectifs ? C’est ce que les politiques israéliens disent. Logique, puisqu’un des objectifs inavoués était bien de restaurer la grandeur de l’armée israélienne, quelque peu écornée par la guerre de 2006 au Liban.
Au vu du nombre des victimes et des dégâts matériels et psychologiques, il est presque indécent de se demander qui est réellement sorti vainqueur de cet épisode douloureux. Mais la réponse à cette question est de taille, car elle risque de conditionner la suite des évènements. Côté palestinien, le Hamas, même s’il a été affaibli, jouit aujourd’hui auprès des opinions arabes d’un capital symbolique qui n’a d’égal que celui d’un Hassan Nasrallah. Et comme le leader libanais qui avait raflé la mise dans les cœurs en 2006, le Hamas apparaît dorénavant comme «Le fer de lance» de la résistance palestinienne….
Dorénavant, la plupart des observateurs ainsi que les fidèles du Fatah donnent le Hamas largement gagnant dans les territoires palestiniens aux prochaines élections. Les Israéliens sont pris à leur propre piège. Car en dépit de ce qu’ils peuvent bien répéter à l’envi, ce sont bien eux qui ont installé le Hamas à Gaza. Ils ont imposé ce parti aux élections législatives malgré les réticences très fortes du Fatah qui craignait qu’ils ne ralentissent le processus de paix. Et lors du retrait unilatéral de Gaza, ils savaient pertinemment que le Hamas était en train de récupérer politiquement ce retrait.
Alors que faut-il penser de cette «realpolitik» cynique d’Israël ? Daniel Shek, ambassadeur d’Israël en France déclarait il y a peu à Leïla Chahid, sur une chaîne de télévision française : «mais regardez, on est parti de Gaza et que s’est-il passé? Il y a eu la paix ? Non, vous le voyez bien». Introduire le loup dans la bergerie pour ensuite vouloir défendre les pauvres agneaux. Et si le loup ne meurt pas, alors on ne parle plus du tout même aux agneaux. Est-ce cela la stratégie de paix israélienne ? Si Israël veut vraiment la paix, il doit le prouver. Et cesser de se choisir des interlocuteurs qu’il s’empresse de disqualifier les uns après les autres. Le Hamas n’a jamais caché ses intentions ni son idéologie. On peut lui reprocher ce que l’on veut : il n’a jamais menti, lui. Alors pourquoi l’avoir choyé hier et condamné aujourd’hui, si ce n’est pour reculer davantage le moment où il faudra…faire la paix ?
Qu’ils le veuillent ou non, Israël et ses alliés seront obligés de discuter avec le Hamas. On peut en dire ce que l’on veut et lui reprocher ce que l’on veut. Il est aujourd’hui une des voix dans ce conflit, et même si ce n’est pas la voie qu’on avait prévue, il faudra bien la prendre.