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Camus a gagné

© D.R

«Il arrive que les décors s’écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d’usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi, mardi, mercredi jeudi, vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le «pourquoi» s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d’étonnement. «Commence», ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l’éveille et elle provoque la suite. La suite, c’est le retour inconscient dans la chaîne, ou c’est l’éveil définitif. Au bout de l’éveil vient, avec le temps, la conséquence: suicide ou rétablissement»

Albert Camus
Le Mythe de Sisyphe

Le tout technologique a ouvert tous les horizons. En un siècle le tour du monde en 80 jours n’est plus un périple mais une évidence à la carte en un tour de main.
Il suffit d’en avoir les moyens financiers et le temps. Le temps. Un paramètre qui est déifié de nos jours. Un paramètre majeur qui a fait de l’homme un automate qui court, montre en main derrière des objectifs matérialisés et selon une échelle baromètre au dictat de la performance. La performance. Un paramètre moderne qui régit tout. La performance au travail, la performance sexuelle, la performance sociale, le tout connecté humain et technologique. Vers un humain se confondant en machine. Le «Frankenstein» est né. Il s’accroche encore aux derniers lambeaux de chair humaine qui léprosent sur la chaussée de la Covid. La performance à produire et surtout à consommer sont nos dernières accroches. La seule performance qu’on occulte est la performance à penser. Réfléchir quant à l’homme et à l’absurdité de son existence. La Covid nous le rappelle mais en bons automates que nous sommes, la course continue. De vrais poissons rouges !
Nous y sommes le suicide devient la question existentielle et Camus nous apparaît en songe. Une existence absurde pour un humain abreuvé de sa conscience et nageant dans l’oubli. Premier mécanisme de défense de l’Homme pour vivre en communauté et s’adapter à Autrui mais aussi, le dernier puisqu’enfermés dans nos bocaux, nous tournons en rond.
En bons poissons rouges. L’exemple chinois séduit et on se projette dans un eldorado rouge vainqueur. Ils ont vaincu 6 mois la Covid, ont fait la fête puis boum ! Quelques cas et surtout de bons citoyens apparemment dociles et un régime qui remet en cause l’échec démocratique devant la Covid.

Mais alors, à quoi sert cette démocratie qui ne nous sécurise guère, nous donne un choix menant à une perte certaine ? L’Europe, berceau de la démocratie, se noie dans ses droits à penser et repenser bureaucratiquement l’humain à en oublier l’instinct premier de l’homme :sa survie !
La survie de l’espèce!
Donc, il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. «Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue» devient la seule question à se poser.
La nouvelle est tombée comme un couperet. L’Europe ne se relève pas et on ferme nos frontières, protection oblige. Le Maroc gère et l’immunité collective est en vue. On pense à la sécurité et l’humain d’abord.

Mais l’humain-marocain pense-t-il?
Si la question se pose aujourd’hui et qu’elle devient pressante qu’une autre, c’est que nous sommes devant la matérialisation de la pensée philosophique. Un suicide de la pensée puisqu’elle prend forme. L’absurdité de l’existence prend des contours et la niche écologique se vide de son seul animal conscient. Cette question aujourd’hui engage des actions. Une troisième vague perce et la cyclicité uniforme réactionnelle sociale est à réfléchir autrement.
La peur envahit le monde et la boule au ventre, on attend la fin d’une histoire onirique désagréable pour se réveiller sur la réalité d’un cloisonnement mondial armé de seringues pour les plus nantis.

Comment concevoir l’existence humaine ? Qu’est-ce qui permet à l’homme de prendre conscience de l’absurdité de sa vie ? Quelle peut être la réaction de l’homme face à cette prise de conscience ?
Encore faut-il en prendre conscience.
Jamais je n’ai reçu autant de jeunes angoissés de leur avenir ou d’adultes éplorés en un temps aussi record. Pour gagner du temps probablement.
On angoisse. L’angoisse étant ce qui différencie encore l’homme de l’animal. La dernière réaction cognitive présente, dernière insurrection de l’inconscient dans son dernier souffle conscient.
La Covid tombe à pic pour accélérer la toile dorée. Et c’est ainsi que le tour du monde en 80 jours se fera désormais en 800 jours. A force de vouloir gagner du temps, le temps nous gagne et nous possède.

Vaccin ou pas. Passeport vaccinal ou test négatif ou pas. Tu resteras chez toi.
Encore faut-il prendre conscience qu’on est réellement mieux sous le ciel marocain qu’ailleurs. Constat simpliste pour un postulat de réflexion à rediriger vers l’absurdité de l’existence. L’existentialisme de Sartre se rhabille et bien que fort posthume Camus a gagné.

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