Egalité des chances, respect, dignité, reconnaissance…lutte contre l’exclusion, contre la corruption, contre l’injustice…toutes ces questions vous les connaissez, tous ces thèmes vous interpellent.
C’est de tout cela que nous aimerions vous entendre parler lors de la campagne électorale qui s’ouvre, dans vos meetings, sur les plateaux télé… c’est de vos propositions, normalement contenues dans vos programmes que nous aimerions débattre.
Toutes ces questions qui reviennent dans les conversations des citoyens en général et les jeunes en particulier prouvent que la jeunesse ne se désintéresse pas de LA politique, même si elle se défie DES politiques.
À vous de rétablir l’indispensable confiance pour que la participation au vote ne se noie pas dans l’abstention.
Bien souvent nous créons nous-mêmes nos exclus, nos révoltés et nos abstentionnistes… bien sûr par la faute de notre système éducatif inopérant, par l’ampleur de notre chômage, par les formations que nous dispensons -obsolètes, mal adaptées, non attractives- mais aussi par le manque de pertinence des campagnes électorales.
Les sujets évoqués devraient permettre un choix, permettre la mobilisation, alors que l’absence de propositions concrètes, d’idées, de perspectives qui nous sont offertes poussent à déserter les urnes…
Un exemple parmi tant d’autres : plus que jamais la culture est devenue un élément structurant de notre identité et de notre rapport à l’autre, les jeunes l’ont compris et la demande est très forte, la création foisonne, mais rien ou si peu n’est fait en la matière, alors qui l’a compris, quels partis vont l’aborder concrètement, quels candidats vont se saisir de ce sujet à bras-le-corps et enfin l’inscrire dans leurs programmes ?
Ce qui est fait est le plus souvent l’œuvre des instituts étrangers, et alors que le street art, le cinéma, la musique, le théâtre, l’impro , la vidéo…voient émerger sans cesse de nouvelles formes et de nouveaux talents… les politiques eux continuent de considérer la culture comme mineure et à la regarder avec indifférence ou peur.
Les cultures urbaines pour ne parler que d’elles sont devenues «identitaires», mieux que tout, elles permettent de savoir qui sont nos jeunes. Avec elles ils inventent, ils bougent, ils créent, ils innovent… Comment, dans ces conditions, expliquer que ce qui fait «l’âme» d’une nation, la culture en l’occurrence, voit les candidats qui réclament nos suffrages être à ce point silencieux, voire indifférents.
Nous parler d’avenir, nous faire rêver, nous donner des raisons d’y croire ne font même plus partie de votre vocabulaire, comment voulez vous donc nous donner envie de participer, de voter ? Notre société est en panne – ce qui précisément ne fonctionne plus est le creuset : le mélange social, le partage de trajectoire de vies, la construction d’une appartenance commune, d’un destin commun – le rapport pour un nouveau modèle de développement à été remis à Sa Majesté, saurez-vous en donner un mode d’emploi efficace, réaliste ou vous contenterez-vous d’en reprendre les idées sans nous dire comment les mettre en application ?
Les partis politiques n’assurent plus le rôle d’encadrement de la population qui leur est dévolu, il n’y a plus que les associations de terrain et «la rue» pour «gérer» nos jeunes, qui sont livrés à eux-mêmes. L’immense majorité des jeunes Marocains veut s’en sortir, veut réussir et disons-le, nombreux sont leurs talents, leurs potentiels… mais qui le sait ? Et surtout qui essaie de leur tracer des perspectives, de leur (re)donner espoir.
Donc face à ce tableau il est du rôle des candidats de nous offrir un «cadre» susceptible de redonner du sens et des perspectives, de réintroduire du civisme, de la citoyenneté et des valeurs.
Il est indispensable d’organiser une vraie campagne électorale qui soit un grand dialogue avec les citoyens sur toutes les questions qui les préoccupent, il faut s’adresser aux générations actuelles, leur parler !
De grâce évitez-nous la caricature qui l’emporte sur la réflexion et le débat. Nous n’avons nul besoin de surenchère, proposez-nous plutôt de nous mobiliser pour contribuer à ce que les solutions, les idées pour remédier aux maux de notre société, soient justes, efficaces, égalitaires.
Que nous proposez-vous pour un avenir mobilisateur, fédérateur et porteur de perspectives ?
Mais que l’on s’entende bien : tout cela ne peut -et ne doit- se faire qu’en donnant aux citoyens la place et la valeur qu’ils méritent, c’est-à-dire celle du centre de toute politique mise en place.