Chroniques

Carnets parisiens

Les voitures qui brûlent. Des voitures qui brûlent dans les banlieues parisiennes, des jeunes en train d’échanger des amabilités avec les forces de l’ordre, pavés parisiens contre bombes lacrymogènes, des encagoulés en train de casser rageusement des vitrines…ces images étaient tellement attendues en cas de victoire de Nicolas Sarkozy qu’elles apparaissaient dans les journaux télévisés comme une «rubrique obligatoire» de cette présidentielle à la confontation virile.
Et la question qui verrouille les esprits les plus angoissés est la suivante : s’agit-il d’une simple manifestation épidermique de colère de la part d’une jeunesse qui s’est sentie insultée, abaissée par les charges trop crues et les mots trop violents de l’ancien ministre de  l’Intérieur et candidat à la présidentielle ? Ou cela augure-t-il d’un style de contestation à venir de l’ensemble de la démarche «sarkozienne»?  Comment prévenir cette radicalisation de la rue ?  Le nouveau président se doit, donc, de manière urgente, de rétablir le dialogue et réinjecter de la confiance.

Le baiser qui tue. Nicolas Sarkozy, occupé à former son gouvernement en ces jours d’entre passation du pourvoir avec Jacques Chirac, n’avait sans doute pas besoin d’un soutien aussi bruyant, aussi compromettant, que celui exprimé depuis Tel-Aviv par  l’Israélien Benyamin Netanyahou :  «C’est un ami d’Israël, et nous sommes personnellement amis depuis 5 ou 6 ans. Nous nous parlons régulièrement au téléphone». Netanyahou est le portrait type de l’Israélien avec  lequel les mondanités sont politiquement désastreuses. Cette «révélation» est loin de polir l’image du nouveau président français qui, le soir du 6 mai a confirmé sa nouvelle stratégie et ses nouvelles alliances en matière de politique internationale. Le fameuse «politique arabe de la France» sera structurellement dissoute au sein du nouveau projet politique remis au goût du jour : l’Union méditerranéenne. Et les questions commencent déjà à fuser.  Comment la France pourra-t-elle continuer à faire exister sa spécificité qui lui donne tant de crédit et tant de force ?
 
Vengeance froide. Mais en attendant de commencer à travailler à la réalisation de ces grands desseins, il y a un plat que Nicolas Sarkozy, par tempérament, par fringale politique, ne pourra pas s’empêcher de déguster froidement, c’est sa vengeance, qu’on devine terrible, contre deux grandes structures représentant l’Islam de France. D’abord l’UOIF (l’Union des organisations islamiques de France) dirigée par le duo d’origine marocaine Fouad Alaoui et Lhaj Thami Brez et le CFCM (le Conseil français du culte musulman) présidé par l’inoxydable franco-algérien Dalil Boubaker. Ces trois personnalités et leurs structures doivent tous  leur fortune politique à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et des Cultes.
Or, elles avaient appelé ouvertement ou implicitement à voter pour le centriste François Bayrou. L’affaire  du procès de «Charlie hebdo et les caricatures du Prophète Mohammed» avait empoisonné les relations entre Sarkozy et ses obligés chefs français musulmans. Par opportunisme électoral, le candidat Sarkozy avaient pris fait et cause pour le journal satirique «Charlie Hebdo» intronisé soudain comme diffuseur de la lumière contre la partie civile représentée par l’UOIF et la mosquée de Paris rangées au titre des vendeurs de l’obscurantisme et de l’intolérance.  Le retour du bâton s’annonce donc douloureux. Et Nicolas Sarkozy ne ratera pas cette occasion de recomposer un champ qui lui a donné autant de fil à retordre… avant de le trahir.

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