Une présidence people. Quand Cecilia Sarkozy, portant avec élégance une robe en satin «duchesse ivoire» signée Prada, entourée de ses enfants, ceux qu’elle a eus avec l’ancien animateur de télévision Jacques Martin, et celui qu’elle a eu avec Nicolas, a pris possession de l’Elysée, un vent rafraichissant vient de souffler sur ce palais de la république aux dorures imposantes. Les langues de vipères diront sans vergogne qu’un étrange esprit , un mélange de «Closer» en référence à ce journal des mondanités provocatrices et de «point de vue images du monde» vient de s’installer sur le lieu le plus névralgique du pouvoir français. Cette atmosphère lourde et compassée fut égayée un moment par le petit Louis Sarkozy, dix ans, droit dans son blazer orné d’un blason doré. En attendant que son père finisse de mémoriser les codes de l’arme nucléaire que Jacques Chirac était en train de lui remettre, le petit Louis tournait avec curiosité autour du grand collier de l’Ordre national de la Légion d’honneur que le nouveau président de la république s’apprêtait à recevoir, sollicitant des explications. Nombreux sont ceux qui, à cet instant précis, n’ont pas résisté à la tentation de comparer les Sarkozy aux Kennedy quand l’Amérique sous le charme découvrit le petit «John-John» en train de jouer innocemment dans le bureau de son père. La photo fut un des premiers exercices réussis de la communication politique.
Rachida à la Justice ? Parlant toujours de communication politique, Nicolas Sarkozy avait déjà réussi un grand coup en dénichant la belle Rachida Dati et en l’envoyant sur tous les plateaux de télévision «dékarcheriser» son image de toutes les suspicions de haine et de xénophobie qu’une fréquentation excessive de l’héritage de l’extrême droite ainsi qu’une consommation sans modération de son fonds de commerce lui accolèrent à la peau. Il ferait un coup historique en lui confiant des responsabilités ministérielles qui ne traitent ni des questions de l’immigration ni de l’intégration ni de l’égalité problématique de chances. Avec les pronostics qui la donnent à la Justice, Rachida Dati entrerait dans l’Histoire comme la première Française d’origine arabe et musulmane ayant échappé au ghetto des responsabilités.
Brown et Sarkozy. Historique aussi le fait que les Français aient appris pour la première fois par la presse britannique l’identité de leur futur Premier ministre, François Fillon. Cette situation est le fruit d’une indiscrétion d’un Tony Blair sur le départ remplacé par son ministre des Finances Gordon Brown. D’ailleurs, à ce sujet, le magazine américain «Time» dresse dans sa dernière livraison un portrait croisé fort instructif de Gordon et de Nicolas sous le titre «Our time has come». Après avoir marqué les points de convergence entre les deux hommes qui font que le rapprochement franco-britannique n’a jamais connu de circonstances politiques aussi favorables depuis la proposition de Guy Mollet, dans le sillage de la guerre de Suez, de créer une union entre la France et la Grande-Bretagne ou une adhésion de la France au Commonwealth. Le «Time» conclut son article en trouvant étrange, signe des temps, qu’un homme de droite français aille chercher des leçons de dérégulation de marché auprès d’un homme de gauche anglais.