Chroniques

Casques blancs

© D.R

Face au chaos lors du match de la semaine dernière au Complexe Mohammed V à Casablanca, face au chaos verbal qui s’en est suivi, permettez-moi – à la place qui est la mienne, celle d’un acteur engagé auprès de la jeunesse – de faire une proposition ! Certes, l’indignation s’exprime partout suite aux débordements d’une violence inouïe du Complexe Mohammed V, mais hélas les débordements verbaux nous emmènent sur de fausses pistes : on se trompe de cible si l’on pense qu’interdire les matchs, traiter les jeunes de «sauvages» ou critiquer les forces de l’ordre est la solution à ces maux… La violence de notre jeunesse répond à la violence de notre société. Délaissée, livrée à elle-même, notre jeunesse vit les matchs de football comme un moyen d’évacuer son agressivité, de se «venger» du mépris, de l’exclusions qu’elle subit. Toutes proportion gardées et bien évidemment sans les mettre au même niveau, le football devient un vecteur d’identification comme le phénomène de radicalisation cherche à l’être. C’est toute une politique qu’il faut (re)penser, tant pour le projet de société que nous souhaitons bâtir, que pour notre jeunesse plus particulièrement.

Mais là, dans l’urgence, il s’agit de répondre à un mal qui tue, de faire en sorte que des gosses ne trouvent plus la mort dans les stades et que le football retrouve sa place, unique, indispensable. Je voudrais donc faire une proposition – simple, peu coûteuse, pratique – qui, si elle n’a pas la prétention d’être à elle seule LE remède (elle doit s’accompagner de mesures telles que des tourniquets à l’entrée des stades, caméras, l’interdiction d’entrée aux mineurs non accompagnés, etc.) peut contribuer à rendre sa sécurité à ce sport national qu’est le football, lui rendre sa dignité et surtout préserver la nécessaire passion qu’il entraîne sans sombrer dans la violence.

Créons un corps de casques bleus, plus exactement un «Corps de Casquettes Blanches» composé de joueurs de renom, de parents volontaires, de dirigeants des clubs de supporters, de responsables associatifs charismatiques, de leaders issus des quartiers, de bénévoles… bref de personnes-ressources, de référents, bénéficiant d’une autorité et d’un ascendant naturels et capables d’encadrer les jeunes depuis le trajet en bus, dans les tribunes durant le match, jusqu’au retour aux familles.

Volontaires formés par des spécialistes – il en existe en Europe qui seraient prêts à nous apporter leur savoir-faire – ces Casquettes Blanches seraient à même de déminer les situations de conflit, de «prévenir» les gestes de violence, d’imposer une «discipline du bon esprit» et d’alerter en amont sur des signes d’éventuels débordements… Les grands clubs, la fédération de football, les municipalités, les délégations de la jeunesse et des sports seraient mises à contribution…

Il est urgent d’agir, essayons donc de concrétiser cette proposition, menons la à bien – d’abord à Casablanca – puis généralisons-la si elle donne ses fruits… Rien ne serait pire que l’inaction et/ou l’indifférence. Retrouvons l’esprit qui prévalait dans notre société où tout adulte, dans la rue, était responsable du jeune qui commettait une faute, et intervenait.

Articles similaires

Chroniques

L’extrême droite caracole en tête des sondages en France

L’extrême droite, incarnée par Jordan Bardella, semble avoir le vent en poupe....

Chroniques

Mieux communiquer, mieux vivre…C’est inspirant, d’être inspirant !

Pour réussir à inspirer les autres et pour réussir à être inspiré...

Chroniques

Le renseignement face à l’essor des criminels en col blanc

Dans ses formes les plus raffinées, la criminalité en col blanc se...

Chroniques

Le terrorisme international appartient-il au passé ?

La menace de la terreur n’a pas disparu de notre monde

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux