Chroniques

Ces moments où, en douceur, bouge la société…

© D.R

En vendant ses sardines à 5 dirhams alors que dans le commerce elles sont à 15 voire 20 DH Abdelillah a provoqué un véritable électrochoc. Soudainement la population s’est dit: «Mais alors c’est possible !?».

Il a 20 ans, une bouille archi sympathique, un débit de parole à la vitesse grand V et une énergie qui contamine positivement tous ceux qui l’écoutent…
Abdelillah !
Ce prénom est depuis quelques jours sur toutes les langues, dans les cafés, les familles, les rass derb… fils du peuple il l’est pleinement.
Il existe comme ça dans le temps, en des endroits donnés, dans des circonstances que l’on ne s’explique pas vraiment, un alignement des planètes qui fait qu’un phénomène, que nul n’attendait, fait bouger toute une société.
Bien évidemment les réseaux sociaux raccourcissent l’espace, la distance, la durée mais il faut bien qu’un homme, une femme, un jeune, porte cette étincelle. C’est ce que nous venons de vivre il y a 5 jours lorsque Abdelillah, jeune vendeur de poissons, a chamboulé tout sur son passage.
En vendant ses sardines à 5 dirhams alors que dans le commerce elles sont à 15 voire 20 DH Abdelillah a provoqué un véritable électrochoc. Soudainement la population s’est dit : «Mais alors c’est possible !?».
Bien évidemment aussitôt son initiative a uni contre lui de puissants lobbies, pris de court, ils n’ont rien trouvé de mieux que – pour se débarrasser de ce grain de sable qui grippait leur machine – de faire fermer son échoppe.
C’est ce qu’un Caïd zélé s’est empressé de faire – défaut d’étiquetage, d’hygiène, a-t-il prétexté… trop tard le ruisseau était déjà rivière.
Toute population est friande des récits de David contre Goliath, du pot de terre contre le pot de fer… Abdelillah incarnait cela. Ce jeune de 20 ans defiait un monopole.
Il faut à ce moment-là rendre hommage à la vigilance de notre Roi qui a aussitôt demandé au wali de Marrakech de recevoir Abdelillah.
Le wali qui a mesuré l’enjeu, qui a compris ce qui se passait, a su avec intelligence et empathie donner au jeune vendeur l’autorisation de ré-ouvrir son étal en lui demandant de respecter les normes d’hygiène indispensables.
Cet épisode de vie montre à quel point notre société a changé -et si vous le permettez je voudrais me féliciter de voir combien j’ai raison de croire en notre jeunesse, combien j’ai raison de clamer depuis si longtemps que le changement se fera par et avec nos jeunes.
Croyez -moi, des jeunes Abdelillah nous en comptons des milliers : talentueux, vifs, intelligents, ancrés dans le terrain, patriotes et profondément attachés à notre Roi. Il fallait l’écouter dire mot pour mot : «Nous les jeunes nous sommes unis pour notre patrie, nous les jeunes nous sommes avec notre Roi».
Oui notre société a évolué : un jeune réussit à faire bouger tout un monopole, un wali soucieux de la cohésion sociale reçoit ce jeune et une population tout entière bénéficie de ce chambardement… Quel bel épilogue !
Plus encore, le gouvernement de son côté promet des annonces quant au problème du prix exorbitant du poisson. C’est une évolution en douceur qui s’opère au grand jour et révèle bien des espérances.
Soyons fiers de notre maturité qui progresse, soyons fiers de notre ambition de progresser ensemble…
Et accordez-moi cette petite satisfaction: heureux d’avoir raison contre certains, je ne me suis pas trompé -malgré les contradicteurs – sur l’absolue nécessité de faire confiance à notre jeunesse…
Le mois sacré de Ramadan débute et une grande bouffée d’oxygène nous enveloppe: SM le Roi – fidèle à Son rôle de Amir Al Mouminine, et attentif à ce que ressent le peuple, Ses sorties au contact du terrain, Sa proximité avec le peuple le connectant étroitement aux réalités – a en effet pris la sage décision de nous dispenser du sacrifice de l’Aïd Al Adha.
Soudainement c’est un étau qui s’est desserré et il fallait écouter les réactions des Marocain(e)s dans la rue pour comprendre leur soulagement : aussitôt le prix du mouton a chuté, le prix de la viande a retrouvé des tarifs plus décents…
Bref, avec la pluie revenue, c’est tout un climat plus léger qui souffle sur le Maroc!
Ramadan Moubarak Karim.

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